mardi 3 novembre 2009

Melbourne Cup Day

Aujourd’hui, l’Australie vivait probablement une de ses plus belles folies collectives annuelles : la coupe Melbourne. Tenue annuellement le premier mardi de novembre, c’est l’occasion de mettre, l’espace d’un moment, le pays à OFF. C’est pas des blagues, c’est tellement fou que dans l’état de Victoria (sud-est, là où se trouve Melbourne) c’est carrément une journée fériée. La journée fériée de loin la plus absurde que je connaisse… Ah, parce que je ne l’ai pas dit; la Melbourne Cup, c’est une course… de chevaux!

Ben oui. 24 chevaux, les meilleurs, qui s’affrontent à 14h pétantes dans une course de 3.2 km à l’hippodrome de Melbourne. Bourse au vainqueur : 5.5 millions de dollars, rien de moins! Une course comme ça, ça dure moins de 4 minutes. Mais je vous le jure, l’Australie s’arrête pour la regarder. Les employés s’arrêtent, les cours sont suspendus (j’vous le jure!), les écrans montrent tous la même image… Des chevals. Même pas des chevaux, des chevals… tellement c’est absurde!

Dans mon cas, à Brisbane (tout de même dans une université, à 2000 km de Melbourne), ça se traduit par un grand BBQ organisé par des gens de génie civil. Le tout est gratuit (!) et tenu dans un des halls/labo géant de génie civil (là où il y a un pont roulant et où on peut couler du béton… un labo « pour hommes ». BBQ gratuit, et pas avec n’importe quoi. On mange hamburger, avec comme viande du steak, pas haché, pas en boulettes. Du steak! On est en Australie… Le rendez-vous était à 13h, la course se tenait à 14h. On pouvait voir sur la télé l’euphorie qui envahissait l’hippodrome, les gens démesurément contents d’avoir un billet pour « l’événement ». Mais bon, c’était avant tout une raison pour les gens de l’université de se retrouver autour d’un repas communautaire, à la bonne franquette… Par contre, à 13h58, tous les yeux étaient rivés sur l’écran. La course, la première et probablement la dernière course de chevaux que je regardais de bout en bout de ma vie, était tout de même intéressante. Ça court vite un cheval! 55km/h en pointe. Sur 3 km. Quand même!

C’est finalement le numéro 21 qui a gagné. Ceux qui avaient parié dessus ont gagné, les autres ont perdu. C’est ça les course de chevaux…

Et pis bon, en discutant avec les gens du coin, on entend de drôles d’histoires à propos de la Melbourne Cup. Genre la dame qui dit qu’elle déteste les courses de chevaux, que celle-ci est la seule et unique qu’elle regarde… mais qu’elle ne la manque jamais. Allez comprendre. En fait, ça donne l’impression d’une grande communion nationale, genre la minute de silence à 11h le 11 novembre chez nous. Mais ici ce sont 4 minutes de silence observées à travers le pays… autour d’une activité sociale, sportive, apolitique. J’ai parlé à une amie québécoise qui travaillait aujourd’hui dans la cuisine d’un resto. C’était une journée super achalandée chez eux… Tout était plein. Et à 14h, même les employés de la cuisine sont sortis dans la salle à manger pour regarder la course. De mon point de vue, c’est absurde. J’la pige pas.

Y’a aussi l’autre ami australien qui explique candidement que c’est une superbe occasion crée de toute pièce pour boire et faire la fête. « Vous ne trouverez jamais en ville autant de gens saouls qu’en cet après-midi de la Melbourne Cup » En Australie, on se crée des occasions pour boire qu’il me dit. À mon avis, c’est partout pareil à ce sujet. Par contre, qu’on se crée des occasions de jours fériés, ça c’est plus inusité…

Mais finalement, cet engouement démesuré m’a quand même touché. Par la grande communion nationale qu’il crée. Les gens sortent, se rassemblent, ont le droit d’arrêter légitimement de travailler pendant quelques heures en plein mardi après-midi (pis y faisait chaud aujourd’hui!). D’une certaine façon, je suis jaloux. Bien que n’étant aucunement touché par cette ferveur que je sentais traverser l’assistance (ais-je dit que je comprends pas?!?), j’ai quand même le sentiment qu’un tel événement nous fait défaut, chez nous, que ce soit au Québec/Canada ou bien dans ce que je connais de l’Europe.

Il y a bien certains événements qui rassemblent, mais ils sont souvent politisés, et ainsi contribuent aussi à diviser. Nous avons lorsque Canadien fait les séries, mais encore, c’est restreint aux amateurs. Nous avons occupations double? Le téléjournal? Les élections? Tout le monde en parle? Non… rien que je voie, comme ça. Ce sentiment d’unité, je ne l’avais jamais ressenti avant. Tous, TOUS sont là. Même celle qui n’y comprend rien, amateur d’échecs ou champion de macramé, tous y sont. C’est fou. Une bonne dose de sport un peu absurde, de laisser-aller collectif assumé, d’un moment un peu loufoque, atypique et apolitique… Peut-être que ça nous manque? Peut-être que ce sentiment fait du bien à la société? En tout cas, il en a l’air…


Le slogan de l'événement: "The celebration that stops a nation"

7 commentaires:

  1. Ce billet me fait drôlement penser à Foglia... C'est tout à ton honneur.

    Tu deviens tranquillement chroniqueur, c'est merveilleux!

    Simon.

    RépondreSupprimer
  2. Très bien écrit mon cher et ça me rappelle une maxime romaine: du pain et des jeux... Y'a pas un scandale politique qui a profité de la journée pour sortir en douce?

    Très belle tranche de vie Australienne!

    RépondreSupprimer
  3. Même pas de scandale... en tout cas pas vu.

    Juste de la bonne humeur, c'est presque surréaliste!

    RépondreSupprimer
  4. Un laisser-aller collectif assumé...

    Quelle belle image, qui décrit si bien (j'imagine) l'ambiance sur place.

    Ça nous en prendrait plus, ici, dans notre monde stressé et stressant, de laisser-aller collectif assumé...

    RépondreSupprimer
  5. Du pain et des jeux...tous les moyens sont bons pour laisser sortir la pression et faire avaler tout le reste qui nous fait tous chier...s'cuzez,suer.
    Chacun ses misères.

    RépondreSupprimer
  6. Hé, hé, incroyable, une nation qui s'arrete pour des chevaux qui se courrent après. Chuis pour. En tout cas, c'est ce qui est bien avec les voyages (j'entends par là échange culturel qui dépasse les 2 semaines de sightseeing, une réelle immersion dans l'autre culture comme nous le vivons les 2), les petites découvertes et surprises qui parsèment la vie.

    RépondreSupprimer
  7. Tu sais Étienne il n'y a pas seulement qu'à Melbourne qui font des choses absurdes ( genre journée férié pour une course de chevaux ), ici à Labrador City il y a le '' regata day ''.Lors de cette journée de régate municipale, tout les commerces sont fermés, comme une journée fériée.

    Je ne sais pas par contre si nos voisins en profite pour faire la fête et se saouler, il faudrait y faire un tour.

    C'est aussi çà l'absurdité terreneuvienne

    RépondreSupprimer