mardi 22 décembre 2009

HOLIDAYYYYYY!

Yeah! 15h40, 22 décembre. Mon bureau est propre, mon plan d’expérience est à toutes fins pratiques complété… Mon frère m’attend à la maison, je suis EN VACANCES! Enfin! Elles sont méritées je crois. Bien que je n’aie pas énormément travaillé dans la première moitié du projet, voilà plusieurs semaines que je me défonce à la tâche : j’ai pris 2 jours de congé pendant le dernier mois… L’objectif était d’arriver aux vacances de Noel et de pouvoir me permettre un repos, de profiter du temps et de la place sans être trop en retard… C’est réussi. Bon, comme toujours j’aurais pu en faire beaucoup plus, aller plus loin… Maintenant que je suis bien entré dans le sujet, je vois toutes les avenues non explorées… Mais l’objectif était d’avoir quelque chose à raconter dans mon rapport final. C’est fait. Ne reste plus qu’à l’écrire, ce sera à compter du 3-4 janvier… D’ici là : Off.

Les plans pour les prochains jours : ce soir, c’est les vacances! Nous quittons demain matin pour la Gold Coast, vers le sud. Nous irons possiblement à Coolangatta, où j’avais déjà appris à surfer, pour prendre un cours à nouveau. Le prof que j’avais est bon et le spot est super! On y dormira mercredi, le projet est de dormir à Byron Bay le soir de Noel… Ensuite, poursuite vers le sud sans objectif précis jusqu'à lundi, où nous voudrions être dans les Blue Mountains, dans l’arrière pays vis-à-vis Sydney, on voudrait aller randonner là-bas… Et pis Sydney le 30-31… Réveillon quelque part en ville, dans la folie… Jérôme prend l’avion le premier janvier et je devrais reprendre la route directement vers le nord, arrêter quelque part en chemin, éventuellement aller surfer le 2 et rentrer le 2 en soirée…

Je me doute que pour la majorité de ceux qui me lisent, l’ambiance des fêtes doit arriver à son apogée… Je vous le souhaite! Personnellement, j’en suis très loin. Je me sens plus tôt comme un 22 juin, le début des vacances à la veille de la St-Jean-Baptiste… Les fêtes, pas trop pour moi cette année. Ce sera la fête par contre, pendant 10 jours! On va bien s’amuser.

Par contre, n’ayant pas de projet précis et prévoyant dormir dans la voiture plus souvent qu’autrement, le blogue risque d’être relativement muet pour les 10 prochains jours… J’écrirai un petit mot si je peux, mais n’y comptez pas trop. Ce sera beaucoup trop rempli pour ça!!!

Je vous souhaite donc à tous et à toutes un super Merry Christmas et de superbes fêtes de fin d’année qui viennent avec. Je reviendrai en janvier pour donner le blitz final à ce projet de master que je commence à avoir gentiment hâte de terminer!!! Profitez bien des semaines à venir, personnellement chaque moment est très intense depuis quelques jours. Au travail à fond, et beaucoup de plaisir avec le frêrot lorsque j’en suis absent…

dimanche 20 décembre 2009

Australia Zoo

J’en avais parlé plus tôt cette semaine je crois, enfin… Mon frère est arrivé ce vendredi pour un deux semaines de séjour bien rempli en Australie. Nous passons les premiers jours à Brisbane, je dois encore travailler, après quoi nous partirons pour le sud, faire la route vers Sydney en environ une semaine et y passer le nouvel an…

Pour moi, c’est un énorme soulagement, ça change la dynamique, le quotidien. C’était inévitable et souhaitable… D’avoir un proche, de la famille, ou simplement le fait d’avoir un québécois à qui parler la langue de chez nous. C’est vraiment agréable d’avoir ces journées remplies, de constater que les heures passent (trop) vite sans s’en apercevoir. Bien entendu, ce n’est pas le remède miracle qui me fait oublier tout le passé… je me surprends parfois à me frustrer de me sentir encore nostalgique du passé et de ne pas profiter complètement du présent. C’est probablement normal. Il n’en demeure pas moins que je suis très très loin de l’état d’esprit dans lequel j’étais il y a quelques semaines, et ça n’a pas de prix.

Je suis allé le chercher vendredi pm à l’aéroport donc. Un moment que j’avais imaginé plusieurs fois les derniers jours. C’était génial! Il arrivait d’une tempête de neige, et à son arrivée il faisait 32 degrés avec le soleil qui tape sous les tropiques. Le choc. Il a aussi eu un peu la frousse en montant dans la voiture et se faisant conduire à gauche de la route, le volant à droite. J’ai bien rigolé! Tout ça est incroyable, le fait d’avoir quelqu’un à côté de moi qui pose un regard neuf sur tout ce qui est devenu normal pour moi me rouvrir les yeux sur tout ce que je ne voyais plus de différent par rapport à chez nous.

Samedi, je devais travailler… et j’ai profité de sa présence pour lui donner un peu de travail, histoire de me faire avancer un peu plus vite… C’était cool, et j’en ai profité pour lui faire visiter « mon » université et les labos… C’était très intéressant. Nous sommes allés nager hier soir, dans cette fameuse piscine olympique extérieure sous les palmiers. Ça aussi, génial! Et pis aujourd’hui, je prenais congé. On a conduit vers le nord, vers la Sunshine Coast (ou il pleuvait des cordes), nous sommes allés à l’Australia Zoo…

C’est le zoo imaginé, construit et animé par Steve Irwin, connu sous le nom de « Crocodile Hunter », un naturaliste/aventurier/ami des animaux australien… Plusieurs d’entre vous doivent le connaître, les autres pourront chercher sur Google… Il n’a jamais eu froid aux yeux… capturer des crocos à mains nues, des serpents venimeux, il a des centaines d’images où il joue avec les bêtes qui nous donnent des cauchemards… Impressionnant… Mais… si mon souvenir est bon, Irwin est décédé il y a 2-3 ans, tué par la piqûre venimeuse d’une raie alors qu’il plongeait…

Mais bref, il a dédié sa vie à la conservation de la faune, à faire connaître ces animaux « dangereux » pour en démystifier l’existence et améliorer la compréhension et la cohabitation des humains avec eux… Et « son » zoo en est le plus beau morceau. Son image est partout… sur toutes les publicités, les panneaux d’indications dans le zoo, on parcourt la « Steve Irwin way » pour aller de l’autoroute au parc… (Les australiens m’ont dit qu’ils n’aiment pas trop le personnage, c’est comme trop… dans ma compréhension c’est un peu comme ce que la majorité des québécois pensent de Céline Dion… Ce qu’elle fait est excellent, mais c’est pas trop grave si elle le fait ailleurs… Le zoo attire majoritairement des touristes, et Irwin faisait de la télé et de la vulgarisation à l’échelle internationale…)

Parlons du zoo en lui-même… Très impressionnant. Pour ceux qui connaissent, c’était dans le même style que le zoo de St-Félicien, avec des habitats bien recréés. À la différence qu’il y a un aspect un peu plus « cirque ». A St-Félicien (un zoo de chez moi, où on trouve les animaux du Québec dans leurs habitat naturel), les naturalistes sont avec les visiteurs, et tous observent les animaux… Ici, les naturalistes sont avec les animaux et font un spectacle pour les visiteurs…

Il est spécialisé dans les espèces qui peuplent l’Australie et l’Asie du Sud-est… Particulièrement les crocodiles, le dada du fondateur… Il y en a des gros, des petits, des très gros, des « qui mangent des oiseaux », d’autres très amorphes au fond de leur bassin… Ce sont des animaux très impressionnants, vifs et primitifs…

On en a vus de tous les styles : nourrir des éléphants et observer des tigres du Bengal, rigoler avec un wombat (une grosse marmotte à nez de cochon…) ou contempler les couleurs des perroquets qui volent librement pendant un spectacle de crocodiles… Mes le plus mémorable fut sans doute pour moi de cohabiter avec les kangourous et les koalas… particulièrement dans le cas des kangourous, on entre dans l’enclos et on peut nous sommes aussi libres qu’eux dans cet enclos… libre à nous de s’approcher comme on veut, de les nourrir ou de les caresser… J’en conviens, l’expérience et l’observation n’ont rien de très naturelles avec ces animaux surexposés à l’humain, qui ont l’habitude de manger dans la main et tout et tout… reste que de côtoyer, flatter, observer sous tous ces angles cet animal mythique, un Skippy… C’est vraiment impressionnant. On y a passé pas mal de temps, ne les avons pas nourris mais observés et touchés autant que nous voulions… Très cool.

Et pis, de quoi rendre toutes les filles jalouses… Le koala est sans aucun doute l’animal le plus cool et le plus « toutou » que je connaisse… Se nourrissant d’eucalyptus, un arbre pas très nutritif, le koala « manque d’énergie »… Il dort 20 heures par jour, blotti en boule au creux des branches… et il passe 4h par jour à être actif, à manger… Un vrai toutou. Et que dire de son pelage. On nous laisse les caresser… Soyeux, moelleux, doux et riche… Un vrai toutou. C’est incroyable!

Caresser un koala – Check!

En général, j’ai été impressionné par le nombre de reptiles que l’on retrouve dans ce zoo. Crocodiles, lézards, serpents de toutes sortes… Ils sont de loin les plus représentés en nombre d’espèces… et pour cause, ces animaux à sang chaud ont besoin des conditions du sud pour vivre. On n’en retrouve pas beaucoup au nord, mais ici, en Australie, il n’y a pas de grands animaux terrestres, mammifères ou autres. Le plus gros animal sur terre est une genre d’autruche, un peu plus petit… Les kangourous ne sont pas très grands et les crocodiles sont aquatiques…

M’enfin bref, journée géniale! La météo était plutôt moche, gris et pluvieux… mais en même temps, je préfère de loin ce genre de conditions. Il ne faisait pas froid, et pas de soleil qui tape pour nous cuire… avec un impreméable sur les épaules, on a passé une superbe journée!

Pour les deux prochains jours, j’irai travailler, le frêrot fera le touriste à Brisbane. Cap vers le sud mercredi, nous prendrons environ une semaine pour aller jusqu’à Sydney…

Je vous laisse avec ce lien vers un album de photos sur Picasa qui devrait vous donner une idée de la journée qui vient de passer… à bientôt!


Ah et pis j’oubliais : Joyeux temps des fêtes!!! Inutile de préciser que c’est pas trop dans l’air du temps ici, Nowell et tout et tout… c’est l’été! Cheers!

mercredi 16 décembre 2009

Mon épicerie n'est plus...

Surprise totale en allant faire l’épicerie ce soir. Elle est encore là, à la même place, elle a simplement changé de nom… Elle était « Coles », elle est devenue « Foodworks ».

C’est comme si en trois jours, un IGA devenait un Métro, un Coop devenait un Migros…

A l’intérieur, tout est pareil (y z’ont rien rénové, juste changé les affichages…). Tout est au même endroit qu’avant, je ne suis pas trop perdu. Ca va. Seule différence (de taille), c’est que comme la « maison » a changé, la marque maison a changé aussi.

On passe des étiquettes rouges et blanches « Coles » aux étiquettes jaunes et noires de « Black&Gold » (ça ressemble étrangement à du No Name). En gros, c’est comme si on changeait le « Nos Compoliments » pour « Le choix du président ». Ca goûte la même chose, ça coûte la même chose, ma ça a pas le même look.

Et pis y’a le rayon boucherie…. Je l’aime pas trop. J’espère qu’il se montrera plus attirant la prochaine fois. A mon Coles je trouvais tout ce que je voulais à pas trop cher. Ce soir je n’ai même pas réussi à trouver un morceau de poulet à un prix raisonnable. Mais j’aurais pu acheter un demi-kilo de cerveau d’agneau pour 80 cents.

Et pis, ô sacrilège, y z’avaient des biscuits au gruau faits maison tellement savoureux à mon ancienne épicerie… Là y’a que des trucs dans du plastique.

J’l’aimais bien mon Coles…

Z’en faites pas, je vais m’en remettre. C’est juste d’la bouffe après tout.

Et pis sinon, soirée intéressante. J’ai un nouveau coloc, un colombien qui fait un projet à l’Uni, à peu près comme moi mais en bio. Le truc cool, c’est que comme il est étranger aussi, il est intéressé, il a envie de jaser. Pour la première fois depuis que je suis ici, j’ai eu une discussion intéressante pendant que je mangeais après ma longue journée de boulot. Après mon ami péruvien, voici mon ami colombien. Sont cools ces latinos!

(Bon, quoique ce nouveau coloc peut paraître un peu étrange : hier nous marchions vers l’université. Soudain, il s’arrête, et me dit qu’il doit aller chercher des œufs de grenouille sur le terrain de golf en face, parce qu’il a plu la veille et que les grenouilles doivent avoir pondu… Bon, ben bonne journée alors. Il a finalement trouvé ses œufs, et peut ainsi étudier l’effet des UV sur le développement des embryons dans son labo. C’est bizarre la bio.)

Sur ce, je vais aller dormir en vous en souhaitant une bonne. On se rejase bientôt, perso je vais couler plein d’alliages demain encore. A bientôt.

mardi 15 décembre 2009

Work hard, play hard

Travailler fort et profiter de loisirs intenses pour faire contrepoids... Tel est le sens de cette pensée...

Dans mon cas, je me contente de la première partie depuis quelques temps, Work hard. C'est pour ça que j'écris moins, c'est pour ça que je suis crevé aussi... Mais au moins ça commence à payer. Je n'ai rien écrit depuis près d'une semaine parce que j'ai du y passer 70 heures à travailler sur mon projet... Et heureusement, ça commence à payer (enfin!).

Nous avons eu une rencontre aujourd'hui pour discuter des résultats que j'ai obtenus depuis une semaine (semaine remplie de préparation d'alliages, coulées, puis préparation d'échantillons et innombrables heures de microscopie électronique et opitque, suivies de passionnantes heures d'analyse d'images... ) Mais bon, pour faire une histoire courte, du projet qui n'allait pas vraiment très bien part il y a deux semaines, aujourd'hui c'est le jour et la nuit. J'ai montré mes résultats, et en gros le prof parle maintenant de publier les résultats dans un article scientifique, ou même de breveter certains alliages qui sont prometteurs... Bref, je ne sais pas ce que ça donnera, mais tout ça pour dire que le monsieur était très content! Et moi donc! J'ai encore autant de boulot qui m'attend pour la semaine à venir, je dois préparer un grand nombre de nouveaux échantillons (quand on pique la curiosité, ce ne sont plus les idées qui manquent!!!) Mais bref, pour l'instant c'est Work Hard...

Et le Play hard, concrètement c'est... l'aviron que j'avais jusqu'à la semaine dernière, de la natation presque quotidienne... mais surtout le show de Green Day il y a une semaine... Ca c'est pour patienter. Le play hard, il viendra bien assez vite: mon frère arrive à Brisbane vendredi après-midi. Watch out!

Bon, j'aurai quand même pas mal de travail à faire encore pendant les premiers jours de sa présence, mais ça va être malade! Mais ensuite, à partir du 22 ou 23, ciao! On part sur la trotte, on met le cap vers le sud. Surf, p'tites bières et inspiration du moment seront vraisemblablement au programme pour ce voyage. Point culminant de ce 10 jours intenses: New Year's Eve à Sydney, avec les 1.5 millions de personnes qui s'y rassemblent... Savez, ce que vous voyez à la télé en direct le matin du 31 décembre, les feux d'artifice d'Australie... On y sera!

Voilà donc, c'est ma vie palpitante de ces jours-ci. Pas énormément de choses à raconter, sinon que je travaille bien et que j'avance, enfin. Je vais le finir ce master, ça n'aura pas été facile mais on va y arriver! Bon, j'aurais tout de même beaucoup à raconter sur ce que je fais concrètement au travail, expliquer c'est quoi tout ça... J'ai pas encore perdu espoir. Simplement pas le temps... pas le temps pour rien en fait, même ma piscine a tourné au vert tellement j'ai pas eu le temps de m'en occupper. Le problème est en voie de se résorber, mais c'est quand même décevant...

Bon, sur ce, faut que j'aille faire l'épicerie. Palpitante la vie je vous dit!

A bientôt! Est-ce que c'est le temps de vous souhaiter un joyeux temps des fêtes? Ici, vraiment, ça parait pas pantoute! Noel? Où ça??? Du jamais vu, vraiment... Noel? Non! Summertime plutôt... ça ira à l'année prochaine pour avoir un vrai noel blanc. Ca commence à me manquer d'ailleurs... Moi, pelleter, j'aime bien. ça fera deux ans que je m'en passe!

Allez... See ya!


Je vous envoie ce que j'ai trouvé qui ressemble le plus à un sapin de noel ici en Australie... Bon il est un peu modeste, faisant moins de 0.1 mm de hauteur, mais vous ne trouvez pas qu'il est joli?!? Il a même une étoile au somment...

* Pour les scientifiques qui, en plus d'être émerveillés par la poésie de cette image, veulent savoir ce que c'est en fait... C'est une dendrite de Al2Cu sur fond d'eutectique ternaire Al-Cu-Si. Image prise en microscopie électronique à balayage, grossissement 1000x. Y'a tellement de belles choses à voir dans ce tout petit monde! Je suis en train de monter une collection d'images psychadéliques qui orneront peut-être les murs de mon salon un jour. De l'art contemporain.

jeudi 10 décembre 2009

21st Century Breakdown

J’ai déjà essayé pas mal de styles d’écriture sur ce blogue, il en manquait un : la critique de spectacle… J’arrive tout juste du show de Green Day, en tournée australienne… Les oreilles me bourdonnent encore, je suis exténué, j’ai encore chaud et j’ai plus de voix. Une super soirée donc!

Aller voir Green Day… William, le mec super cool de ma classe de primaire avait apporté leur premier CD, ce devait être la première fois que j’entendais ce genre de musique en sachant un peu plus ce que c’est. J’étais en quatrième année, ça fait quelques années déjà… Et jamais je n’aurais cru que j’entendrais Basketcase, un des succès de ce vieil album, planté au bout du monde, en Australie! C’était génial.

Parlons vite fait du concert. D’abord, l’endroit; au « Brisbane Entertainment Center ». Dit comme ça, ça sonne bien. J’ai quand même fait une recherche cet après-midi pour savoir un peu où nous devions aller… Surprise, c’est à 25km à l’extérieur de la ville… Un peu plus de route que prévu donc. Seconde surprise, l’endroit où c’est : perdu au milieu de nulle part, c’est assez particulier. Comme vous l’imaginez, Brisbane n’a pas d’aréna, le hockey se pratiquant seulement sur gazon ici. Mais le spectacle, c’est un truc format aréna. Y’a pas de soucis, on s’en construit un. Non, mais en fait, le Brisbane Entertainment machin, c’est ainsi comme un aréna conventionnel, mais dans sa configuration « spectacle » de manière permanente. Très particulier. Je m’attendais à un spectacle en plein-air… J’étais un peu déçu au début. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il y avait l’air climatisé, un GROS avantage!

Je me disais avant le spectacle que ces gars là doivent finir par être un peu dégonflés, étant en tournée autour du monde depuis des mois. Amérique du nord en été (nordique), Europe tout l’automne, et été austral qui commence pour eux… après des mois et des arénas toujours aussi remplis et aussi crinqués, je me disais. Mais non!

Que d’énergie! In-cro-ya-ble! On comprend pourquoi ils sont des vedettes internationales. Le chanteur est tout simplement phénoménal. Ils nous ont offert une performance déchaînée pendant 2h30, sans entracte! À la fin, c’est moi qui avait presque envie que ça s’arrête tellement j’étais crevé. « Jesus of Suburbia » (7min40s) en rappel, je la trouvais presque longue, malgré que ce soit LA toune! Faut dire que je me suis tenu à quelque mètres de la scène tout au long du spectacle, j’étais bien crevé…

On a bien du avoir droit à 20-25 morceaux, plus de la rigolade délirants, des cris à n’en plus finir… Les pièces du dernier album, mais aussi énormément de morceaux des albums précédents. J’ai le DVD de la tournée précédente (2005), et je connaissais une partie du show, jusqu’aux « calls » du chanteur qui ne sont pas différents de sur l’enregistrement que j’ai. Vous pourriez dire que ça manque d’originalité. Pas faux. Mais le gros avantage, c’est qu’un spectacle du genre est tellement meilleur quand on connaît les paroles! J’ai plus de voix donc ;)

Côté performance donc, c’est vraiment superbe.

Le bémol, c’est pas le problème de Green Day. C’est le problème des australiens… Chez nous, quand on va à un spectacle, on arrive à entrer en contact avec les autres personnes qui sont autour de nous, quitte à ce que ce soit pour chanter, danser, rigoler, n’importe quoi. Pas question de faire la conversation, mais juste être « ensemble ». Là, j’ai plutôt eu l’impression que chacun était « dans sa bulle avec Green Day ». Les autres spectateurs étaient en quelque sorte de trop. Ca concorde avec l’idée que je me fais de plus en plus des australiens; difficile d’entrer en contact avec eux… Je me suis répété que l’ambiance dans la foule devait être meilleure au Centre Bell en juillet.

Si ça valait le prix du billet? Pour la première fois depuis 3 semaines, j’ai passé plus de trois heures consécutives sans penser ni au travail ni à mon ex. Et à chanter et gueuler. Si ça valait le prix? J’aurais même donné du pourboire…

dimanche 6 décembre 2009

L'anniversaire

On dit qu’il ne faut pas vivre dans le passé, qu’il faut regarder vers l’avant… C’est vrai, j’en conviens. Mais ces jours-ci, je ne peux m’empêcher de regarder en arrière aussi, un peu. Pour que les personnes concernées sachent ce que j’en pense, pour que ce soit écrit quelque part et que ça fasse partie de mes « mémoires ».

Il y a un an, nous venions d’emménager dans un superbe appartement lausannois, un appart à notre goût, un appart comme nous. Il y a un an, au début décembre, la vie à atteint un genre de top, jusqu’alors inégalé.

Partis à l’été 2008 pour l’Europe et un tour de la Méditerranée, le mois de juillet a été une occasion pour mon couple de se retrouver, de réparer les bobos d’avant… ça aura été un remède très efficace. Août 2008, installation dans un minuscule studio fourni par l’hôpital, sur l’avenue de Béthusy. A 2 dans un 15 mètres carrés, c’était une jolie gymnastique. On a bien pris le beat, travail, école, vie sans se piler sur les pieds. Pas parfaite, parce que la vie parfaite n’existe pas. Mais, disons, très agréable.

Et puis ce fameux Béthusy et ses studios bondés de québécois, ce fut le théâtre de rencontres riches et précieuses, d’amis que les hasards de la vie poussent sur notre chemin. Une foule de québécois. De vrais potes, des « meilleurs amis » à ne plus savoir quoi en faire. Tous sur la même longueur d’ondes, expatriés, sans famille autre que cette jolie gang hétéroclite unie par les liens sacrés du voyage. « Une p’tite bière? » lancé par la fenêtre du voisin d’en bas. Et hop, en 1 minute nous sommes réunis, un verre à la main, à profiter du moment présent. Une petite phrase si souvent répétée, et qui nous aura rapprochés en un éclair, à faire de ces potes de bière de solides amis. Nous étions devenus inséparables, et fous lorsque nous étions réunis. D’une belle et ô combien agréable folie.

Ça a duré quelques mois comme ça, de cette vie de résidence, avec à la fois intimité et promiscuité. Génial.

Et puis nous avons déménagé, dans cet appartement presque trop parfait, juste ce qu’il nous fallait, sans plus. Et les quelques semaines qui ont suivi ont été encore aussi riches et précieuses.

Ce fut finalement le temps de la pendaison de crémaillère, le party organisé chez nous. Une première. Une soirée mémorable, dont je conserve les souvenirs bien au chaud dans mon cœur. Tous ou presque y étaient, c’était plein, et c’était vachement agréable.

Cette soirée, c’était aussi l’ « au revoir » à Olivier, le pote de la bière, et sa blonde Chantal, qui rentraient au Québec dès le lendemain. Et Jess, ma blonde d’alors, quittait pour une semaine de farniente en Tunisie dès le matin aussi. Quelle soirée! Elle a duré jusqu’aux petites heures. Du fun à la tonne. Pour une fois, nous organisions le party comme ça, de cette envergure, avec 25 personnes qui sont toutes nos bons amis. Pour une première fois que j’espérais n’être QUE la première fois, c’était chez nous que ça se passait, avec notre monde. Je me sentais riche comme jamais.

Moi et Caro sommes allés reconduire Olivier et Chantal à la gare en début d’après-midi le lendemain. Ça sentait la fin de quelque chose… qu’on espère encore retrouver un jour ou l’autre…

Et je me suis retrouvé seul dans mon nouvel appart, à étudier comme un fou, mon inséparable Oli parti, ma blonde en voyage, sans me rendre compte que la vie venait de changer sans m’avertir.

Jess est rentrée de la Tunisie une semaine plus tard, mais y a laissé une partie de son cœur. Mon couple ne s’en sera jamais remis.

C’était il y a un an. Presque jour pour jour.

Avec du recul, je vois en cette soirée la fin d’un beau voyage et la bifurcation vers un long chemin pavé de dures émotions.

Ma vie avait atteint son climax, jamais égalé depuis. Elle était… parfaite.

Inutile d’ajouter que j’espère y revenir dans un avenir pas si lointain. Ça viendra. J’ai appris à être patient.

samedi 5 décembre 2009

Actualités et réflexions

Pffff. Le rush. Ben oui, je n’ai pas foutu grand-chose depuis le début, ou en tout cas pas assez par rapport à ce que j’ai l’habitude de faire (je l’avoue bien sincèrement, ça me donne rien de faire semblant). Conséquence : je travaille. Je n’irais pas jusqu’à dire que je travaille fort, mais je travaille longtemps. De mon mieux. J’essaie de faire quelque chose de bien, mais la barre est haute. Enfin. Tout ça pour dire que les journées sont longues, que les samedis n’existent plus et que malgré tout, la motivation est encore bien en deçà de mes espérances. M’enfin. Ne reste que quelques semaines, après c’est ça qui est ça. Je ne pourrai en conséquence pas vous raconter de grandes histoires de voyage, de beaux billets de plages et de surf. Voilà des semaines que je n’y suis plus allé. J’avais pas envie, là j’ai plus le temps. Décrire mon quotidien, ce serait parler de microscopie (encore…) et de fonderie. Bon, en fait j’avais promis que je reparlerais de mon travail, il y a beaucoup à dire, c’est vrai. Faudra que je m’y mette. Je m’y fais penser, là, comme ça. Mais pas ce soir…

Autrement, parlons d’un sujet qui semble avoir occupé l’espace médiatique cette semaine (outre le match du Canadien de vendredi que je me serais fait un plaisir de regarder… et pour lequel je suis franchement jaloux de mon p’tit frère qui était quelque part parmi les 21 273 spectateurs présents…). Sujet qui n’a aucun, mais vraiment aucun rapport avec l’Australie. Mais qui touche directement mon « ancienne vie » d’il y a quelques mois. Je parle ici des minarets en Suisse.

J’ai vu certaines réactions d’amis suisses (dont certains lecteurs de ce blogue), et surtout j’ai étrangement un contact rapproché avec la culture suisse pendant que je suis ici. Parmi les gens de l’équipe où je travaille, les suisses sont les plus représentés : ils sont trois sur 10… tous issus de l’EPFL, comme moi qui suis ainsi un mi-suisse (au moins dans le « pourquoi je suis ici »). De ces suisses, deux originaires de suisse alémanique. Ainsi, je suis plus en contact, je découvre plus la culture suisse-allemande ici, en Australie, alors qu’à Lausanne, en Suisse romande, je n’ai connu que des romands.

Vous en avez probablement entendu parler, de ce référendum en Suisse dimanche dernier. Leur système de démocratie directe (i.e. toute personne, à condition d’amasser un nombre suffisant de signatures, peut soumettre une question à la votation populaire…) a bien du bon. Parfois du moins bon aussi. Mais personnellement, je trouve qu’il a plusieurs avantages (je n’élaborerai pas là-dessus, mais si on avait un mécanisme de ce genre, de votation populaire facilitée, il n’y aurait pas toute l’histoire à propos d’une commission d’enquête sur la construction au Québec. On voterait, et on l’aurait. Point.) Bon, à ce référendum donc, la Suisse a voté à 57% pour interdire la construction de minarets. Mouvement raciste? Xénophobe? Extrémiste? Tous les qualificatifs ont été entendus. Je ne me prononce pas. Mais l’interprétation mérite quelques précisions.

D’abord, fait le plus important, le clivage qui s’exprime à la frontière de Rusti, la limite entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Sur les 26 cantons, 22 ont accepté l’interdiction, 4 l’ont refusé. De ces 4, trois sont les principaux cantons de Suisse romande, Genève, Vaud et Neuchâtel. On peut ainsi dire bêtement que les romands sont plus ouverts, plus progressistes… Probablement. Ils avaient voté en faveur de l’accession à l’Union européenne, les romands. Ce sont les allemands qui avaient refusé, faisant de la Suisse une île au milieu de l’Europe des 27.

Plus personnellement, observer la réaction de mes amis et connaissances donne un peu le même point de vue. Les francophones, outrés, ont carrément honte, allant même jusqu’à proposer de vendre leur passeport (symboliquement, on s’entend) Les allemands (bon je généralise, parce que une suisse-allemande en particulier qui lira ceci ne sera pas d’accord avec ce que je vais écrire) sont plus conservateurs, ou du moins plus « démocrates ». Commentaire entendu plus d’une fois : la démocratie a parlé, sans équivoque, il faut la respecter. A mon sens, c’est une manière de se cacher derrière un prétexte pour ne pas prendre position ouvertement, exprimer son opinion en faveur de l’interdiction clairement.

J’ai entendu toutes sortes d’analyses cette semaine. La plupart sont justes, et bien fondées. Mais à tous ceux qui disent que si un tel vote avait lieu ailleurs dans le monde occidental, un tel résultat serait plausible. A cela, je mets un bémol. Prenant exemple de la Suisse-romande, je ne suis pas certain qu’un autre pays latin prendrait la même direction que la Suisse entière. La Suisse allemande est différente, pas meilleure ou pire à mon avis. Mais différente. On le sent dans la rue, dans les gens, dans l’air. La démocratie directe, elle est avant tout suisse-allemande. Les banques aussi.

Les points de vue sur la question des minarets restent très partagés. Outre le clivage linguistique, il y a sans aucun doute une grande différence générationnelle, tout comme une méconnaissance de l’autre culture qui, à défaut, fait peur.

Et si, dans 100 ans, les musulmans (au nombre de 400 000 en Suisse actuellement) devenaient majoritaires ou plutôt que les purs suisses devenaient minoritaires suite aux flux migratoires? Et si un référendum avait lieu sur l’interdiction des clochers de villages, tant catholiques que protestants? Drôle d’image… Pourtant… ce serait alors inscrit dans la constitution…

P.S. A tous, et plus particulièrement vous les suisses qui me lisez, ne vous gênez surtout pas apporter votre grain de sel ou contredire ce que j’écris… ça me fera plaisir de vous entendre.

jeudi 3 décembre 2009

De la dinde pour déjeuner

C’était comme l’action de grâces ce matin. Il y avait une jolie surprise qui m’attendait dans la cuisine. De la dinde. Fait plutôt inhabituel dans une maison d’étudiants où les pâtes sont souvent au menu… Ou devrais-je plutôt dire UNE dinde. Avec toutes ses viscères, ses plumes, même la tête, 2 pattes. Elle était même pleine de vie!

C’est un bruit un peu suspect qui m’a alerté. Un genre de « BOUM » d’un truc qui tombe. Pas normal. Et sachant par le bruit d’où venait l’événement (en l’occurrence le garde-manger), je n’ai pas mis longtemps à comprendre ce qui se passait… Me suis approché pour tomber face à face avec une ces « brush turkeys », ces animaux sympathiques qu’on voit partout… Heureusement, elles sont aussi hyper farouches, elle n’a donc pas hésité à reprendre le chemin de la sortie en me voyant. Seul regret, j’ai pensé en la voyant se sauver que j’aurais au moins du prendre mon appareil photo, essayer de figer le moment. Mais bon. Le gars n’était pas tout à fait réveillé faut croire.

Comment elle est arrivée là? Ben, comme tout visiteur. Par la porte! Ben oui, il y a une porte qui donne dans la cuisine. Et comme on est en Australie et qu’il fait toujours chaud, ben elle est toujours ouverte. Parfois on la ferme, quand on y pense. Mais plus souvent qu’autrement, elle reste ouverte…

C’est la deuxième fois que j’ai connaissance d’une visite « dindesque » dans la cuisine. C’est sans compter toutes les fois où je ne suis pas là, considérant que je passe mes journées à l’extérieur.

P’t’être qu’on pensera à fermer les portes. Pas tant pour les voleurs. Juste parce que de la merde de dinde c’est chiant (!) à ramasser. Et ça pue.

mardi 1 décembre 2009

Mount Coot-tha blues

Un gratouillement de guitare, blotti au creux du vent. C’est ce qui meuble la solitude de cette fin d’après-midi morose. Quelques accords, maladroits et timides, grappillés au hasard dans un répertoire imaginaire.

Il fait un de ces temps qu’on ne pourrait décrire, ni bon, ni mauvais. Les nuages font la course folle, semblent se sauver du Pacifique pour trouver refuge dans le désert. Et le soleil, leur donnant un panache de feu, les invite à disparaître avec lui vers l’horizon. Dans leur vol acrobatique, les pies s’en donnent à cœur joie, profitant du vent en nous montrant tout ce qu’il y a de beau à voler, à tournoyer, pendant que nous, bipèdes sans plumes, ne pouvons qu’admirer la démonstration.

Du haut de ce promontoire, surplombant la ville et son fleuve, la vue n’apporte ni la paix ni la sérénité escomptée. Belvédère sur la ville, belvédère sur la vie. Depuis cet observatoire, c’est tout un état d’âme qui est peint jusqu’à perte de vue.

Gratte-ciels, visant les cieux, symbole de puissance et de succès. Méandres tranquilles, le calme et la sérénité d’un paysage doux et sans histoire. Peuplements jusqu’à perte de vue, une jolie métropole, calme mais dynamique, qui s’étend juste là.

Et ce ciel, gris, vivant, rugissant. Ce ciel qui semble perdu, pris au cœur d’un tourbillon dont personne ne connaît l’issue. Tout s’affole. Des cumulus passent, vont et viennent, laissant au hasard quelques rayons de ciel bleu baigner la terre des hommes, pendant que le crépuscule hésite à partager un peu de sa chaleur.

En ce haut lieu du tourisme local, c’est une pléiade d’étrangers venus du « Far North » qui contemple ce décor emprunté du sud. Des asiatiques, des espagnols, des italiens… mais avant tout des français. Ou plutôt des parisiens. Des vrais. Hautains dans leurs commentaires, prétentieux dans leur manière d’être. Autosuffisants. Chiants.

Au cœur de ce mélange, c’est mon âme qui trouve son reflet. Aspirée dans un tourbillon de grisaille, où quelques rayons de soleil viennent de temps à autre montrer que la couleur du décor n’est pas figée au terne. Il y a bien ces gratte-ciels qui montrent tout le potentiel d’aller plus haut, plus loin. Et pis ce fleuve imperturbable, cette vie qui coule, tranquille, vers la mer et son infinie beauté, à quelques lieues de là.

Et y’a cette solitude, que les cousins s’évertuent à exacerber. Ces français, quelque mètres au dessus du guitariste amateur, qui n’ont rien de mieux à faire que de se lancer un « je te donne 10$ si tu craches en bas et que tu lui arrives dessus ». Et ces mêmes cousins aliénés d’enchaîner par un « rhô p’tain » gêné après que le musicien timide leur ait répondu par un « Salut mes tabarnak, comme ça vous parlez français aussi?!? * »



* En français dans le texte

** Il est recommandé de cliquer sur les photos pour les voir en taille réelle...

lundi 30 novembre 2009

Faire l'épicerie... pieds nus!

C’est tout ce qu’il y a de plus banal. Faire l’épicerie, les courses… Faut bien manger. Bon, le menu est un peu différent. La saison des mangues est officiellement commencée. Elles sont grosses et belles, pas chères et savoureuses. Y’a aussi les kiwis de Nouvelle-Zélande, toujours aussi savoureux. Y’a du chou chinois (est-ce pour satisfaire la vaste communauté? Sais pas). Et pis y’a tous ces produits identiques à chez nous, culturellement, nous sommes semblables. Ça se traduit aussi dans l’allure qu’ont les étalages d’épicerie… Rien de révolutionnaire, sinon que tout est produit national, ou presque, parce que les distances sont trop grandes et le marché trop petit pour justifier d’importer des prunes d’Afrique du Sud ou des poivrons du Chili. Et pis… y fait assez chaud pour faire de tout, ici. Bon, il y a bien le steak de kangourou, juste à côté de l’étalage de poulet… ça fait un peu australien…

Très semblable donc. À un détail près. Je suis pieds nus.

Cela n’a en soi absolument rien de révolutionnaire. Mais je suis pieds nus! Parti de la piscine de l’université, j’avais pas envie de remettre mes chaussures. Ai marché la demi-heure qui me séparait de la maison, en plus de l’épicerie. Parce qu’ici, ça se fait. Parce qu’ici, c’est plus que socialement acceptable. Ca tend vers la normalité.

Il n’est pas rare de rencontrer des nu pieds (surtout des gars, je l’avoue), un peu partout. Au centre-ville, dans le train ou le bus, à l’université (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur…). Normal je vous dis! Au pays de l’été permanent, on a appris à faire avec! Je n’en ai pas pris l’habitude, mais j’ai l’impression que ça le deviendra!

Et pis… c’est dans la tête que ça se passe. C’est pas parce que l’été dure 1 mois au Québec qu’on devrait s’empêcher ce petit plaisir, celui de marcher, comme ça, de sentir l’herbe qui masse la plante du pied, de ne pas s’en faire. Juste de s’en foutre. Parce qu’on n’en a pas envie, de ces souliers, chauds et contraignants. Ils sont comme ça les australiens. Ne s’en font pas avec grand-chose. J’ai d’ailleurs croisé un gars qui sortait vraisemblablement la piscine, venant de se rendre compte que le magasin fermait ses portes dans quelques minutes… il était encore, disons… mouillé.

Bref, pas pour vous faire de la peine ni pour me vanter, mais c’est l’été, la neige n’est jamais tombé sur Brisbane et c’est pas cette année que ça va changer. Il a grêlé hier. Très rare y parait. Et pour les gens, de voir quelque chose de froid tomber du ciel, c’était presque mythique!

Pour ma part, j’ai un peu délaissé le blogue ces derniers jours… pas que j’aie délaissé l’écriture, bien au contraire. J’ai consacré la plus grosse partie de mon temps depuis mercredi (à raison de 8 à 10 heures par jour) à l’écriture de ma foutue revue de littérature. J’ai écrit donc. C’était juste moins intéressant que d’écrire le blogue, mais n’en demeure pas moins que j’avais un ras le bol royal de l’écran d’ordinateur lorsqu’arrivait le soir. Bon, aujourd’hui n’est pas différent des jours précédents, je fais un petit spécial. Probablement aussi… parce que j’ai fini de l’écrire. Jamais fait aussi élaboré dans le domaine. J’espère que ça passera bien, j’y compte bien!

Et pis pour le reste, je mets les bouchées doubles. Je n’ai pas beaucoup travaillé depuis le début, là il est plus que temps que je m’y mette. J’ai réalisé qu’il ne reste que 5 à 6 semaines de boulot avant la remise du rapport final. Si je veux y écrire quelque chose d’intelligent, faut que je me magne un peu là!

On reconnecte une prochaine, j’essaierai de ne pas attendre 5 jours cette fois!

mercredi 25 novembre 2009

19 ans et toutes leurs dents

Elles sont jeunes, elles ont le sens de l'aventure, de la débrouillardise, bref le sens du voyage! Je les ai rencontrées au hasard de la vie, cette vie qui est si différente lorsqu'on se balade à l'étranger...

Ce sont quelque filles (j'me fais toujours des amies filles...), devenues mes amies, que j'ai rencontrées depuis mon arrivée ici. Et je suis impressionné. Impressionné par leur parcours, par leur maturité. J'étais probablement très semblable lorsque j'avais cet âge et que je me baladais quelque part au milieu des Rocheuses, il n'en demeure pas moins que les quelques années écoulées depuis me donnent une tout autre perspective sur ces aventurières.

Toutes trois ont déjà l'expérience du voyage, une expérience à faire pâlir bien des sédentaires... Présentement en année de congé avant d'entreprendre l'université, elles ont déjà vu le monde! L'une d'elle a passé un été à Toronto avant de passer le suivant à Vancouver, l'autre a travaillé à Hawaii, et la dernière a habité un an à étudier, seule, dans le mid-ouest américain. Inutile de vous dire que leur anglais n'a pas trop de problèmes...

Mais c'est avant tout leur maturité et leur sens aiguisé du voyage, pragmatique lorsque nécessaire et complètement débridé lorsque c'est permis, qui impressionne. Pour elles, aucune gêne, aucune difficulté à entrer en contact avec les gens. Au contraire! Et pis on sent à leur contact que le voyage les a forgées, leur a appris en accéléré une dimension du monde qui met normalement des années à être assimilée. Si elles étaient déjà comme ça avant de voyager? Que c'est pour ce qu'elles sont qu'elles voyagent, et non qu'elles sont ce qu'elles sont parce qu'elles voyagent? Probablement.

Mais je crois que ce qui m'impressionne le plus, c'est leur sagesse. Et ça, ce n'est pas inné. Ca s'apprend, souvent à la dure, toujours sur le tas.

Plus concrètement, hier j'ai eu la chance de profiter des conseils d'une d'elles... 5 à 7 pour une bière, souligner son départ (aventurière = ne reste pas une éternité au même endroit...) Hier, c'était pour moi une de ces terribles journées où rien ne va, où les bras tombent, le moral ne tient plus et la pression se fait trop forte pour que j'aie envie de relever la tête... Une journée de merde.

Et pis là, assis là, à parler, j'ai senti pour une des trop rares fois qu'une personne en chair et en os, ici, à Brisbane, se sentait vraiment concernée par ce que racontait, "a person who really cares about me". For once. Positive, souriante, clairvoyante aussi, je lui dois un gros merci. Parce que à travers ses suggestion, ses commentaires et son écoute, elle m'a fait voir ma situation sous un angle un peu différent. Juste ce qu'il fallait pour me redonner un petit boost... Pour poursuivre. Et j'ai senti à travers cette conversation une maturité, une grande expérience acquise au prix de souffrances et de déceptions, normales au fil de cette solitude qui aggrémente souvent les voyages...

Cette maturité, elle n'est pas exceptionnelle. Mais habituellement, ceux et celles qui me parlent ainsi, ils sont plus vieux que moi!

Bref, le voyage forme, sans donner le choix, les difficultés passent, comme dans la vie d'ailleurs, et ne donnent pas beaucoup d'options. Faut juste passer à travers. Le voyage n'est en soit pas plus dur que la vie, si ce n'est qu'il nous demande souvent de travailler sur nous-mêmes, avec nous-mêmes, avec ce lourd sentiment de solitude.

Ce que je vis, quotidiennement, c'est un voyage au coeur de moi-même... je m'y perds souvent!

Ces filles n'auraient jamais besoin de cours de "Mondialisation 101". Comme certains l'ont oommenté, ceux qui ont déjà la piqûre n'ont pas besoin d'encouragements pour partir à la découverte du monde. Mais en réponse à ces commentaires, que je juge par ailleurs véridiques, j'ai la conviction que c'est justement pour pousser les "autres" à s'aventurer hors de leur bulle de confort qu'une "douce obligation" serait souhaitable...

lundi 23 novembre 2009

H1N1 proof

Ca y est, c'est fait. Je n'ai pas de fièvre, même pas mal au bras. Mais je l'ai. D'ici 2 semaines, mon système immunitaire m'aura rendu "H1N1 proof". Je suis vacciné.

Je ne sais pas de quoi ça a l'air en Europe, par contre j'ai entendu par les médias québécois qu'il a soufflé un quasi vent de panique sur la province depuis la fin octobre en relation avec la menace d'une pandémie et la campagne de vaccination qui l'accompagne. Si je peux me permettre un commentaire externe (forgé presque essentiellement sur ce que disent les médias, donc biaisé par leur exagération...), je trouve ça complètement fou, exagéré! Vous partagez probablement cet opinion, donc pas besoin d'argumenter. Anyway, j'en sais pas beaucoup plus.

Ce que je sais, du moins en partie, c'est comment ça se déroule en Australie... Probablement pas aussi massive que dans la belle province, il y a tout de même une vaccination à grande échelle (et gratuite) en cours. J'en ai entendu des message à la radio, pour encourager la population à aller se faire vacciner. Mais pas de manchettes à ce sujet, pas de grandes histoires incroyables... Les journaux sont muets sur le sujet.

Pas le même état d'esprit donc... Je parlais la semaine dernière de la mentalité australienne: "No worries mate!". Ca résume assez bien la manière dont se fait la vaccination, du moins là où je suis allé, à la clinique gratuite pour les employés de l'université. Première chose: pas de petits coupons gagnés au prix d'un réveil hâtif; simplement un rendez-vous pris il y a trois semaines via un site internet mis en place pour l'occasion. 13h45, 23 novembre. Arrivez 10 minutes avant, prévoyez partir 15 minutes après. Simple et efficace.

Je me pointe donc cet après-midi. Une salle de conférence. Vis-à-vis la porte d'entrée, une grande table en long. Au bout situé juste devant la porte, une pile de formulaires et quelques crayons. Plus loin, un peu pêle-mêle sur la table, le matériel de vaccination, et deux infirmières qui y ont leur poste de travail. J'entre, l'une d'elle m'indique que je dois remplir le formulaire (identification et facteurs de risques...), puis d'aller m'asseoir dans la salle... des chaises en rangée. Je remplis le formulaire. Et puis les deux infirmières, seules personnes en charge de l'opération, elles vaccinent.

J'attends mon tour, assis dans la salle. Aucun paravent ne cache la vaccination. L'infirmière questionne chaque nouveau patient, dans les règles, me semble. Mais pas plus confidentiel qu'y faut non plus. Juste là, je peux tout entendre. C'est très convivial, presque familial... Elle appelle le "next", pas nécessairement en suivant une quelconque liste de rendez-vous. A chaque nouvel appel au prochain, les quelques gens se regardent pour savoir qui est le prochain... et un se lève et y va, vite et archi simple! Et ainsi de suite...

Après les quelques questions donc, Go, on pique. 2 secondes et c'est fini. Et on retourne gentillement s'asseoir avec ceux qui attendent. "Attendez 10 minutes avant de quitter..." Personne pour me surveiller ou me dire quoi faire. Je regarde l'horloge... quand mon temps est fait, je me lève, et je pars... tout simplement. Si j'ai un choc anaphylactique, elles seront tout de même là, pas de soucis là-dessus!

Deux infirmières, organisation minimale, elles ont donné une bonne quinzaine de vaccins pendant la demi-heure où j'étais présent... Et là-dessus elles ont perdu du temps, il manquait de patients...

C'était à la bonne franquette, mais en même temps je n'ai jamais eu l'impression que les règles élémentaires étaient contournées. Mais tellement simple, tellement simple... Déconcertant. "No worries mate!" à l'australienne...

* Par rapport à chez vous, les suisses, japonnais et autres québécois... ça a l'air de quoi?!?

dimanche 22 novembre 2009

Impro

La journée de samedi était planifiée : party piscine pour célébrer le début de l’été, pour voir les amis, pour fêter la fin de l’école (pour mes colocs), pour dire au revoir à certains qui partent… Du moins c’est ainsi que je l’avais planifiée. Mais je me suis d’abord butté au manque chronique de motivation de mes colocs (qui pourtant étaient au premier abord très motivés), suivit d’un désintéressement total de la part des nombreuses personnes de mes connaissances à qui j’avais lancé l’invitation. En bref, à part moi et la piscine, y’avait personne. Seules 2 personnes avaient confirmé leur présence… J’ai annulé… à l’eau le party piscine!

Mais ce n’était pas une raison pour se morfondre à la maison, en ce samedi soir. Quoi faire. On passe en revue les différentes options. Bon, ce sera certainement aller prendre un verre. Soit. Où? Il y a Fortitude Valley, le coin des discothèques et du nightlife débridé… Pas trop mon genre, j’irai une fois, juste pour voir. Il y a la ville (the City), le centre-ville, où ce sont plutôt des bars branchés, un peu moins clubs… Et pis il y a West End, de l’autre côté de la rivière, près de l’auberge de jeunesse où j’étais à mon arrivée. Quartier alternatif, bars plus relax et gens plus relax. Ma proposition : ben oui, West End. C’est ben plus mon genre. Ici, pas de mini-jupes et de talons-échasses, d’acoutrements de clubbers. Tenue décontractée de mise. Je préfère. En Australie, pour moi, c’est babouches et shorts. Au vestiaire le dress code!

On se retrouve à West End donc, moi, Daniel et Dominique, on va rejoindre une amie québécoise fraichement arrivée qui demeure dans le quartier. On part à trois, en rejoint une quatrième. Premier arrêt : The Music Kafé. Vieux vinyles aux murs en guise de déco, affiches de concerts passés et à venir, de petits groupes émergeants. Super bon band qui joue des succès rocks, ça rentre bien, c’est bon. Et pis, assis sur notre gros divan capitonné, on est bien.

Et pis là, West End oblige, la mentalité est différente. Ou plutôt les gens sont différents. Ma voisine de fauteuil, curieuse, me demande quelle langue nous parlons. Français… « Ah » qu’elle répond. Alors, surprise! Elle enchaîne en français. Première australienne que je rencontre qui parle français, une des rares qui a voyagé pour la peine, hyper sympa. Et pis le mec qui est avec elle se retourne, se met à discuter avec nous… et même à partager son repas parce qu’on a dit que ça sentait bon. Dans le genre hyper cool, c’était bien réussi! On a discuté, de tout et de rien, avec pour une fois des australiens un ouverts, intéressés et curieux d’aller vers l’étranger plutôt que de rester cantonné dans son monde Down Under. Dans le précédent billet je parlais des vertus du voyage et de l’immersion, de ce que ça change. Ils en étaient un excellent exemple. Ouverts! Enfin!

Ah, et pis le mec m’a laissé ses coordonnées en me disant de le contacter une bonne fois, qu’il m’amènerait surfer… il a trois planches qu’il dit. Et il connaît les spots. Gooooood!

On change de bar, pour aller vers un que je connaissais déjà bien. Un pur délice. Exactement mon genre, surtout en cette chaleur estivale : une cour arrière, loin de la rue, entourée de palmiers et couverte du feuillage d’arbres, une vingtaines de tables, une bonne ambiance, une musique excellente et pas trop forte, des gens sympa. Un genre de Harper’s (bar lausannois). Mon genre.

Et pis là, ce fut le théâtre de la rencontre la plus inusitée que j’ai faite depuis longtemps. On arrive sur la terrace. Comme de fait, il n’y a aucune place libre. Tout est occupé. Tout, sauf une table, vide, bien en vue. Il y a un écriteau dessus : RESERVED. Bon. Et à ce moment précis, je me tourne vers le gars à côté de moi, que je ne connais pas. On se regarde. « Do you think of what I am thinking? » “Yes!”.

Sans plus de préambule, on s’avance et s’assoit à cette table, lui et son ami, on dissimule l’écriteau sous la table. Comme si on se connaissait. On trinque. Et alors seulement on se présente. Jolie façon de se rencontrer. Mes amis viennent me rejoindre, surpris que j’aie trouvé une table. « Vous vous connaissez? » qu’ils me demandent. « Depuis 15 secondes, oui! »

Ce fut une soirée géniale, relaxe autour d’une bière et entouré de gens sympa, une joyeux mélange de genres et de nationalités. Nous étions moi le québécois, les deux mecs, un australien et un anglais, un suisse, deux autres québécoises… et plus tard en soirée sont venus nous rejoindre des amis des amis… deux français et une autrichienne. Un regroupement d’inconnus, des rencontres faciles et agréables, comme je les aime!

Comme quoi le party piscine à l’eau n’aura pas pour autant gâché cette soirée. Prochaine fois que je vais prendre une bière? Sais pas quand. Je sais où : West End!

P.S. David, c'est au billet précédent que je faisais référence ce matin... See ya!

samedi 21 novembre 2009

Mondialisation 101

Comme toujours depuis mon arrivée ici, je lis beaucoup… je suis connecté aux médias québécois en quasi permanence. Étrange situation que d’être observateur du Québec depuis l’autre bout du monde, intéressant et instructif.

En ce sens, j’ai été interpellé par un point de vue publié en début de semaine sur le carnet de Jean-François Lisée, chroniqueur et analyste de la scène politique et internationale et ancien conseiller des premiers ministres péquistes à Québec. Son billet, « Cégep en français : un peu d’ambition que diable » plaide pour une réforme de l’enseignement linguistique au niveau collégial québécois. Je n’entrerai pas trop dans les détails, ce n’est pas l’idée… et je n’ai pas non plus envie d’argumenter sur le sujet…

Non, ce sont plutôt les commentaires des lecteurs qui m’ont fait réfléchir. En gros, Lisée propose de rendre l’enseignement « bilingue à prédominance francophone » dans tout le réseau collégial, avec plus de cours de langue seconde pendant les premiers semestres, culminant par une session intensive en immersion dans l’autre langue. Ce qui favoriserait ainsi l’apprentissage de l’anglais pour les non-anglos, tout en favorisant une meilleur maîtrise du français par tous ceux dont ce n’est pas la langue maternelle. Afin que nos « élites » de demain aient un bagage linguistique suffisamment solide, tendant vers le bilinguisme. Soit. L’idée a plein de sens. J’approuve totalement.

C’est lorsque je lis des commentaires que je résume par « faire entrer l’immersion anglaise au collégial, c’est affaiblir un peu plus le français, contribuer à son déclin », que ma pensée s’emporte. Pour une simple raison : ce que je suis.

Québécois expatrié immergé dans l’anglais (australien de surcroit!), après un an en Suisse, voyageur, découvreur, appelez ça comme vous voulez. Voilà 1 an et demi que j’ai quitté le Québec… et tout ça est loin d’avoir fait de moi un « assimilé » ou de m’avoir éloigné de mes racines. Au contraire.

Au contraire, parce que de voyager ainsi, de voir le monde, ça forge le caractère. Comment comprendre ce que nous sommes, sinon en se comparant à ce que sont les autres? Mon éloignement me montre ce qu’est un québécois, ce que je suis… et ce dont j’ai la chance de faire partie.

Le débat linguistique tel qu’il est présenté ici, il est bien. Mais un peu mou. Mou en ce sens que, comme certaines personnes le font remarquer, ce n’est pas à 18 ans qu’il est l’heure d’apprendre une langue. C’est plus tôt. Beaucoup plus tôt. J’ai eu la chance de faire partie d’un programme de langues au secondaire, j’ai donc fait plus ou moins une heure d’anglais quotidiennement pendant 5 ans. Un programme élitiste? Oui et non… 20% des étudiants en faisaient partie. Élitiste oui donc. Mais démocratisable. Lorsqu’on me demande (souvent) où ai-je donc appris l’anglais que j’utilise ici tous les jours, je me fais un malin plaisir à répondre « at school! ». C’est la vérité.

De mon point de vue, l’apprentissage des langues DOIT se faire de manière efficace au niveau secondaire. C’est là que c’est possible. Au cégep, c’est trop peu trop tard. Non. Au secondaire, c’est les langues, mais aussi la culture et l’identité « locale », québécoise, qui doivent se former.

Et depuis les quelques années où je voyage, si j’avais une chose à réformer au collégial, ce ne serait pas de faire de la dernière session une période d’immersion dans l’autre langue. Ce serait une session d’immersion ailleurs dans le monde. Là on voit, là on comprend. Là on se compare et on se forme. Suis-je moins québécois depuis que j’ai quitté le Québec? Oh que non, bien au contraire! Cette identité, elle se forge au contact de toutes ces autres identités. On s’aperçoit qu’on est différent, qu’on est chanceux.

Et on a envie d’y revenir…

C’est le message que je martèle à qui veut l’entendre depuis un an : partez, y’a rien de tel. Les européens de ma génération le font beaucoup, ils ont le continent pour ça. Le programme ERASMUS joyeusement décrit dans le film « L’auberge espagnole ». C’est ça. Ils connaissent les langues, connaissent les cultures, sont continentalisés à travers l’UE. Sont-ils moins espagnols, grecs ou tchèques pour autant?? Bien sûr que non! Ils sont au contraire plus conscients de ce qu’ils sont et ne sont pas, voient leurs différences et se forgent sur ce moule interculturel. Penser perdre son identité à travers un tel processus est une peur absurde, méconnaissante. Au contraire, ce processus la construit et la fortifie cette identité.

On plaide au Québec le bilinguisme pour tous de manière à rendre nos élites plus « fonctionnelles » dans un monde globalisé. C’est la moindre des choses! Plus que ça, mondialiser veut dire VIVRE avec le monde, pas seulement lui parler. Comprendre le monde, le reconnaître et arriver à s’y ouvrir. Bien beau de parler anglais. Mais je ne vois pas comment, même bilingue, un québécois « made in Montréal » pourra vraiment comprendre la réalité que vit un vénézuélien ou un pakistanais fraichement débarqué installé à Lévis.

Se retrouver entouré, isolé, mal compris… se retrouver dans un monde différent, où les repères bougent… ça ouvre les yeux, ça donne une claque. Ce n’est pas trop souvent douloureux, bien au contraire. Ça replace les choses dans leur contexte, ça enlève les œillères. Et ça ne s’apprend pas dans les livres ça. Ni à l’école. Il y a juste la vraie vie pour ça.

À mon humble avis, une meilleure intégration des immigrants au sein de cette nation qui est la notre, ça passe par une meilleure compréhension de la part de tout un chacun de ce qu’est justement cet autre. Envoyez tout le monde passer leur dernière session de cégep n’importe où ailleurs dans le monde, donnez leur les moyens, l’encouragement et l’encadrement pour le faire, rendez la chose facile et attrayante. Parfaite utopie, rêve en couleur? Je sais bien!

Mais j’aimerais essayer...

Juste pour voir dans 20 ans de quoi aurait l’air « l’identité québécoise » pour laquelle on semble avoir si peur. Je suis prêt à miser sur le succès sans précédent d’une telle réforme.

Parce que c’est le moyen le plus efficace que je connais de prendre conscience de ce que nous sommes et d’en être fier : aller voir ailleurs.

Quoi!?! Qu'est-ce que j'entends? Un murmure... on me répond que "je suis privilégié, que je suis chanceux, et courageux, et gnégnégnégnégné..." d'avoir fait ce que j'ai fait, que ce n'est pas si facile pour tous... et je ne sais pas quelle excuse encore.

Ma chance, je l'ai fait. J'ai travaillé fort pour, c'est vrai. Mon courage, c'est juste l'envie d'aller plus loin qui s'exprime. Tous n'ont pas cette envie. Je sais.

Mais l'immersion et le voyage deviennent nécessaires, donnons-en les moyens, faisons-en une nouvelle matière de l'enseignement général au cégep, aux côtés de la philo, le français, l'anglais et l'éducation physique: "Mondialisation 101", avec une période pratique de 4 mois obligatoire. Mettons-y des ressources, de l'encouragement, des profs, des moyens. Et attendons de voir le résultat.

mercredi 18 novembre 2009

À l'eau!

Avant :


Après :

YEAH! Enfin! Je ne dirais pas qu’elle est propre, ce serait exagéré, mais elle est salubre… il ne m’en fallait pas plus. 18h ce soir, enfin. J’en suis arrivé à la conclusion qu’il me faudrait beaucoup trop de travail pour arriver à obtenir une eau parfaitement limpide (c'est-à-dire changer le sable du filtre et trucs du genre…) Là elle est propre, je l’accepte comme telle!!! J’ai une piscine baignable. Génial!

Autre sujet, j’avais expliqué dans un billet écrit à l’été 2007 ce qu’était le polissage en métallurgie… Je n’ai pas vraiment envie de recommencer. Si je peux résumer en une phrase (ou deux!), ça va comme suit : pour observer comment les métaux sont faits de l’intérieur, on les observe au microscope… et pour ce faire, on doit observer la lumière qui y est réfléchie, d’où l’intérêt de polir l’échantillon qui nous intéresse à l’état de miroir quasi-parfait. Un travail délicat, long et… chiant. J’avais cette opinion lors de mon billet de 2007. J’ai passé l’avant-midi à polir aujourd’hui. Toujours aussi chiant! Par chance, depuis le nombre de fois que j’en fais au cours des dernières années, je deviens pro… Je déteste toujours autant, mais j’y passe moins de temps. Mais à chaque fois, je me dis « celle-là c’est la dernière, plus jamais je fais un projet où je dois polir… » J’ai hâte que ce soit vrai!

Petit clin d’œil sur lequel il faudra que j’élabore un peu plus par ailleurs : vous ais-je déjà parlé de la philosophie australienne?!? Pas que tous sont comme ça, pas du tout. Faudrait pas généraliser. Mais quand même… ça se résume très simplement en la phrase fétiche entendue à chaque occasion possible et imaginable : « No worries mate ». Là vous lisez ça et le prononcez à l’américaine, ou à l’européenne… non. En australien, c’est pareil, mais avec une patate chaude dans la bouche. Et ça donne un résultat qui concorde mieux avec l’état d’esprit qui est derrière. Y’en a pas d’problème! Don’t worry! Take it easy… Et pis, juste le fait que tout le monde soit « mate », c'est-à-dire « mon pote », ça aussi ça fait très coooooooool. Mais ici donc, on comprend assez vite que les problèmes sont rares… Chaque étranger a eu besoin d’une période d’adaptation à cette réalité… et particulièrement à cette phrase entendue partout! Normalement ce n’est pas trop long… Si tout le monde disait tout le temps « ah ben là tu vas pas me faire chier! », ce serait un peu plus intimidant. Mais là… No worries mate!

Sur ce… c’était la fenêtre australienne du jour, toujours aussi disparate.

See ya! (c’est comme « see you », mais en australien le « ou » ça fait « a »)

lundi 16 novembre 2009

Bouts de vie en Australie

Je reprends un style qui me va bien quand je ne sais pas exactement de quoi je veux parler, ou plutôt quand je veux parler de plusieurs trucs disparates… Quelques événements, observations ou réflexions qui ont parsemé mes derniers jours.

Another Farewell Party : C’est devenu la coutume, plusieurs des personnes que j’ai connues depuis mon arrivée ici, parmi les personnes de qui je suis le plus proche, partent… J’en ai déjà parlé… La plupart pour poursuivre leur aventure autour de l’Australie, Brisbane n’étant qu’une étape. Ou d’autres qui partent simplement en voyage, en vacances. C’était cette dernière situation hier, un collègue « presque » étudiant au doctorat de l’université part pour un voyage de 5 semaines… en Suisse! Très drôle comme situation, puisqu’il y a parmi le groupe de travail proche de nous pas moins de trois suisses… et pis moi, qui compte tenu de mon année passée là en suis assez connaisseur. Nous étions une dizaine, chez Tina et Bastian, le couple de suisses donc, pour un souper de départ. Assez drôle quand nous nous sommes mis à parler des trains et transports suisses, des visites, du pays… Nous y connaissons tous quelque chose. Et j’adore en parler, quel pays magnifique, je l’ai adoré, je l’adore encore! Ça fait très particulier de se retrouver dans ce milieu, finalement entouré d’un échantillon de là d’où j’arrive! (Nous sommes tous arrivés ici par le même chemin depuis la Suisse, par l’école où j’étudie, l’EPFL…) Et pis, pour vous tous, mais avec un clin d’œil particulier pour Tina, une photo :

De gauche à droite: Bastian, doctorant suisse, Younghee, post-doc coréenne avec qui je travaille souvent, Léo, 2 ans, né en Australie, fils de suisses, Daniel, collègue "master" de l'EPFL, Cheryl, assistante de recherche, Stephen, celui qui part pour la Suisse, cachée il y a Tina, autre doctorante et mère de Léo, suissesse, puis de dos il y a Steve, conjoint de Sheryl, et enfin autre Steve, responsable santé-sécurité du bâtiment de matériaux et australien super sympa...

Et pis une soirée manquée : Je disais que c’est à la mode ces jours-ci, les soirées d’au revoir. Il y en avait une autre prévue pour samedi. Johanna, l’allemande avec qui je suis allé surfer plus tôt en octobre, qui quitte pour la Tasmanie je crois. Je devais les rejoindre donc, elle et une gang… D’abord ce devait être chez quelqu’un, mais le rendez-vous était finalement dans un bar, près de la rivière, en ville… à 22h30. Pour moi qui suis debout à 6h30 tous les matins (samedi inclus, y’a pas moyen…) c’était un peu tardif. Mais bon. Sa dernière soirée à Brisbane, sa fête en plus. Je me suis laissé convaincre. Je me rends et tout, me disant que je vais me crinquer une fois sur place… Mais surprise. Mauvaise surprise… Le bar n’est pas vraiment un bar, plutôt une discothèque, un « club ». Et bref, il y a là un code vestimentaire un peu strict. Moi qui allait prendre une bière (éventuellement danser ou écouter de la musique aussi, mais pas sortir en boîte!) j’étais habillé à l’australienne (ou l’australien plutôt!), babouches, shorts et T-shirt, tout ce qu’il y a de plus normal pour un samedi soir du mois de novembre à Brisbane. Je n’avais donc pas la chemise, pantalons et souliers requis. Reviré direct à la porte. J’ai essayé en vain de joindre Johanna pour au moins qu’elle vienne me saluer, mon cellulaire était mort. Je suis donc rentré, me coucher… crevé et un peu dépité. Je n’étais déjà pas un fana des boîtes de nuit, là c’est cuit! Faudra que j’y aille une fois, pour voir. Mais je ne serai pas seul, si je me fais revirer on pourra toujours aller prendre un verre au pub d’à côté!

Une autre carte postale de coureur : Cette fois ne sont plus les eucalyptus qui encadrent la vue, mais plutôt les gratte-ciels du centre-ville de Brisbane qui se dressent, les pieds dans l’eau. À ma droite c’est le clapotis des vagues, à ma gauche le boulevard qui longe la rivière. Au dessus un des rares ponts qui enjambent le fleuve dans la capitale du Queensland. Dans la noirceur de ce samedi soir, la vision est sublime, de ces gratte-ciels, tout près, qui se détachent sur un autre ciel étoilé, sans nuages. Le CityCat poursuit sa ronde habituelle de haut en bas du fleuve, dans son ron-ron habituel et sa vitesse ahurissante. Et moi je cours. Une fois passé le coude du fleuve, c’est la grande-roue, dressée sur la rive opposée, face aux immeubles, et toute illuminée de blanc à la manière du London Eye qui nous salue de son reflet un peu timide sur la surface troublée par le vent. Comme toujours il fait bon. Comme à chaque fois que le soleil se cache, les gens sortent. Et pour une première fois, c’est dans le centre-ville d’une métropole que je cours, sans m’en rendre compte, sans même étouffer par l’air qu’on imaginerait imbuvable, caché sous l’autoroute, sur la piste cyclable du bord de la rivière.

Mes amis les animaux : j’en avais souvent entendu parler, souvent entendu bouger aussi, jamais vu. Pendant cette course, en plein centre ville, j’entends un bruit dans le feuillage. Je m’arrête, recule et tombe face à face avec deux « possums » (et pas opossums, qui sont leurs cousins américains), animaux typiques d’ici et d’îles du Pacifique. Ça ressemble à un raton, en plus petit, nez un peu aplatit et pelage brun. Ça a un peu la forme d’un kangourou aussi. Et je ne sais pas si c’est courant, mais ceux que j’ai vu étaient deux, on aurait pourtant cru à un seul animal au début : ils étaient soudés, bougeaient ensemble (peut-être même qu’un était sur le dos de l’autre). Et nous sommes restés là, eux dans leur arbuste, moi dans mes baskets, à s’observer pendant un bon 5 minutes. Pas très farouches les bébêtes. En plein centre-ville, faut peut-être le mentionner.

Novembre? C’est quoi ça!?! Novembre est officiellement passé dans ma tête du statut de mois tout gris qui s’appelle novembre à « période de 30 jours consécutifs qui porte le numéro 11 dans la séquence annuelle ». Étant un nordique, je m’aperçois que les mois sont associés dans mon esprit à des états de la météo, du monde extérieur… novembre c’est froid, c’est morose, c’est un peu de neige, c’est gris… Bon, vous connaissez, vous le vivez. Et bien dans ma tête ça devrait être comme ça. Mais là, mon novembre prend des allures de canicule (faudra m’y faire), il fera 32 et plus ces prochains jours. Et ce n’est presque rien. Et il y a des fleurs partout. Et la piscine tourne. Et les vacances scolaires commencent à la fin de la semaine… Novembre vous dites? Non : mois numéro 11. Inutile de vous décrire ma tronche ce soir lorsque j’arrive à l’épicerie, en shorts et sandales, en sueurs aussi… et que je tombe face à face avec un présentoir de tuques de Père-Noel. J’ai l’intuition que ce Noel ne sera pas comme les autres. Ca risque d’être le 25e jour du 12e mois, sans plus! Mais bon, nous aurons amplement le loisir d’en reparler! Je sens que mes yeux de nordique verront plein de trucs cocasses à raconter à propos de ça ces prochaines semaines…

Sur ce, je vous dit à tout bientôt chers amis!

dimanche 15 novembre 2009

Un bout de bonne humeur...

Petit clin d'oeil, pour les intéressés... Certains sont déjà au courant, d'autres le découvriront. Des étudiants en Arts et Technologie des Médias (journalisme, radio, télé...) au Cégep de Jonquière ont mis en ligne cette semaine un "lipdub", disons une reprise de vidéoclip en version lipsync... Vous verrez et comprendrez. Il paraîtrait que c'est très populaire dans les écoles en Europe, je ne savais pas. Mais en tout cas, c'est mon coup de coeur des derniers jours!

Semblerait que cette production soit inspirée d'un truc semblable fait plus tôt en septembre par les étudiants de communication de l'UQAM, un succès monstre celui-là, tout aussi réussi. J'ai tout de même un coup de coeur pour celui de Jonquière, c'est chez nous! Et il est plus "crinqué"! Prouesse technique du truc: beaucoup de mouvement, de déplacements constants, pas de pause, une seule prise (!), plus de 150 personnes impliquées... un gros défi! Chapeau!

Ce que je trouve génial, c'est la bonne humeur qui s'en dégage... et l'envie de tripper avec cette belle gang d'ATM! Même des australiens qui l'ont vu ont le goût d'émigrer pour aller étudier là. Faut dire qu'ils y sont franchement équipés. En tout cas, si vous avez 4 minutes devant vous et que vous avez envie de voir une gang de jeunes qui trippent, gâtez-vous! Perso, je l'écoute à chaque jour depuis que c'est sorti, et je vais continuer, dans mes moments de downs particulièrement... Et pis... ça donne envie de rentrer au Saguenay!

samedi 14 novembre 2009

Une histoire de tourbillons

Vous vous souvenez sans doute d’un précédent billet où j’abordais le sens de rotation de l’eau dans les toilettes (voir vers les derniers paragraphes de ce billet…) et où, sans grand argumentaire, j’annonçais que les tourbillons de votre lavabo n’ont rien à faire de la force de Coriolis, qu’ils tourneront dans le sens qui leur plaira peu importe que vous soyez au nord ou au sud… « Myth busted » que je disais… Et bien j’ai été étrangement surpris des réactions à cette annonce, de la déception mêlée à une désillusion…

Et puis cette semaine, j’apprends que ce billet a été cité dans un débat autour d’un diner où un connaisseur de physique remettait en doute ma thèse… Et on me demande la référence de ce fameux billet pour soutenir l’argumentaire… Mais comme l’explication n’y était pas géniale, que le sujet suscite la curiosité, que j’aime comprendre et expliquer… et que j’aime les défis (!), voici un résumé de ce que les 2 dernières heures passées à fouiller m’ont appris sur la force de Coriolis… Et je m’aperçois que le sujet est intéressant et explique plusieurs petits trucs (en espérant que l’explication soit assez limpide…) Faut-il le rappeler, le tout est fait sans prétention… et l’exactitude de ce que j’avance n’est pas garantie hors de tout doute! Je ne suis pas un pro de physique, j’essaie de comprendre avec vous!

* Et puis je me relis après avoir terminé l’écriture, petite mise en garde : l’explication est longue, parfois un peu nébuleuse… Je me suis donné un gros contrat que j’ai abordé de manière large… Lisez si vous en avez envie, je vous demanderai quelques efforts mentaux au fil de votre lecture… et prévoyez quelques minutes devant vous!

Allons-y donc…

Tout est ici histoire de rotation… et de point de vue (le référentiel). Deux des sujets à mon avis les plus ardus en physique mécanique. Commençons par parler de référentiel avec l’exemple classique du train. Vous êtes dans un train qui roule à 150km/h en ligne droite. Assis à votre siège, vous décidez de vous lever et d’aller vers la locomotive. Vous marchez, disons à 5 km/h. Moi, assis à la place à côté de vous, je vous vois donc vous éloigner à 5 km/h de moi. Mais l’automobiliste qui attend au passage à niveau et regarde passer le train et qui nous voit par la fenêtre du train, que voit-il réellement? Il me voit, à 150 km/h… et vous, à 155 km/h. Pourtant, vous n’allez pas à plus de 5 km/h à mes yeux… Mystère? Pas trop. Logique, votre vitesse s’additionne à celle du train. Tout est donc question de point de vue. Si un autre train roule parallèlement au notre dans le même sens et à la même vitesse, le passager vous verra avancer à 5 km/h et moi immobile. Et si le train est en direction opposée? Il vous voit à 305 km/h, moi à 300… Vous voyez le principe j’imagine. Ce point de vue, on le nomme référentiel, c'est-à-dire « par rapport à quoi » mesure-t-on une position, une vitesse… Et j’ajoute vite fait que ce point de vue, il est très relatif… Sur l’autoroute, la limite est à 100km/h. Par rapport à quoi? À la route, bien entendu! C’est évident. Évident dans notre monde, à notre échelle… Parce que vu de l’espace, d’un point « immobile » (concept très abstrait!), la Terre tourne autour du soleil à 30 km par seconde environ… Vous allez donc beaucoup plus vite que 100km/h… Parce que tout bouge avec vous, tout le temps… Deux corps qui bougent ensemble (vous et votre ordinateur présentement…) on l’air immobiles… et pourtant! Assis là, vous allez vite, très vite. Sur la Terre, qui tourne sur elle-même, qui tourne autour du soleil, ce soleil lui-même qui bouge dans la galaxie… et cette galaxie qui va on ne sait trop où à une vitesse folle… On ne sait pas à quelle vitesse on va, mais on va vite… malgré notre immobilisme!

Bon, passons au niveau suivant. La rotation. Imaginons un cas simple. Un tourniquet dans un parc pour enfants. Jetez un œil à ce vidéo. Regardez attentivement, plusieurs fois si nécessaire, il est génial. Faites des pauses, reculez, recommencez... Vu du dessus, les objets lancés parcourent des trajets droits, rectilignes. Par contre, lorsque la caméra est « embarquée » sur le tourniquet et qu’on observe les mêmes lancés qui étaient droits, on voit plutôt des courbes (particulièrement la balle, qui est lancée d’une main à l’autre d’une même personne…) Pourquoi des droites et des courbes? Il n’y a pourtant qu’un seul mouvement… Ben oui. Tout ce qui a changé entre les deux cas, c’est la position de la caméra. Dans un cas elle tourne aussi, dans l’autre elle est fixe. Ce référentiel donc. Dans le train, ou à côté… sur le tourniquet, ou au dessus…

Ainsi, une trajectoire droite vue d’un observateur immobile peut pourtant apparaître courbe observée d’un point qui tourne aussi… C’est une chose. Et qu’en est-il de la vitesse réelle sur le tourniquet? Si je suis assis au centre et que je tourne, je suis « immobile » par rapport au parc qui m’entoure. Je ne fais que voir sur 360 degrés. Je suis assis sur l’axe du manège et ne fais que tourner (et éventuellement être malade, mais c’est une autre histoire…) Par contre, si vous vous êtes assis sur l’extérieur du manège, alors vous aurez parcouru un cercle, donc une certaine distance passant par toute la circonférence du manège. Et pour parcourir une distance, il faut une vitesse… Mais si je suis moi assis au centre du manège et vous au bord, la distance n’a pas changé entre nous, malgré votre vitesse et mon immobilité. C’est que vous avez une vitesse tangentielle, une vitesse donnée par la rotation et qui augmente avec la distance par rapport à l’axe de rotation. Plus on s’en éloigne et plus cette vitesse augmente pour arriver à rester sur une même ligne... Et de la même manière, avec cette vitesse vous avez une énergie, votre corps porte l’énergie de sa vitesse, l’énergie « cinétique ». Si finalement on bloque instantanément la rotation du tourniquet, moi, assis au centre, je ne sentirai rien… (ou presque… je n’élaborerai pas ici l’inertie…) Je m’arrête de tourner, c’est tout (et je suis soulagé de ne pas être malade!). Mais vous, ouch! La vitesse qui permettait de rester assis face à moi sur ce tourniquet, elle est « dans » votre corps. Et bien que le tourniquet soit arrêté, votre corps, lui, veut poursuivre… Vous êtes expulsés… À la vitesse que vous aviez en vous. Votre énergie cinétique est dissipée lorsque vous frappez le sol, que vous vous arrêtez…

Bon, j’espère que ces quelques éléments sont clairs, parce que là ça se corse un peu… Imaginons maintenant que le tourniquet (qui est en 2D) est en fait la Terre (en 3D!!), dont l’axe de rotation est tracé entre le pôle nord et le pôle sud… et que ce tourniquet tourne à une vitesse telle qu’il fait un tour sur lui-même en 24h. Plutôt lent, pas très impressionnant donc comme manège… Mais pourtant! Comme la Terre est ronde, et grosse, ces vitesses peuvent être impressionnantes. Poursuivons avec l’analogie du tourniquet, imaginons que l’axe sur lequel j’étais assis est maintenant l’axe pôle nord-pôle sud. Cet axe croise le centre de la terre en plein centre, vis-à-vis l’équateur, à mi-chemin entre les deux pôles. Si je suis assis sur le pôle nord, ma vitesse par rapport à ce centre est nulle : je suis « au-dessus » et je le suis. Si je tiens le bout d’une corde et que vous en tenez l’autre bout et prenez une grande marche jusqu’à l’équateur, le point le plus large de la terre, à distance maximale de l’axe de rotation, vous êtes bien plein sud par rapport à moi… la corde est bien « immobile », tendue entre nous… Mais comme la terre tourne, et que vous vous êtes éloignés de son axe de rotation, vous voyagez maintenant… à 1670 km/h!!! Tout ça simplement pour rester « aligné » par rapport à moi. Comme sur le tourniquet.

Venons-en donc au fait, à la fameuse force de Coriolis. Si une particule est libre, détachée de la Terre et n’est pas influencée par ce qui l’entoure, elle flotte à une hauteur constante de quelques mètres au dessus du sol. C’est tout. Cette particule est lancée en droite ligne du pôle nord vers l’équateur. Si on la regarde depuis l’espace, cette particule. Que fait-elle? Une ligne droite, puisqu’elle a été lancée en ligne droite! Logique. Mais là où ça devient passionnant, c’est si vous la regardez depuis la surface terrestre… Disons depuis Montréal ou Paris, depuis l’HÉMISPHÈRE NORD. Que verrez-vous? Où êtes-vous? Sur un tourniquet… un tourniquet, la Terre, qui vu depuis le dessus du pôle nord tourne en sens antihoraire. Si vous la voyez arriver lentement depuis le nord, au loin et qu’elle disparaît au sud… Pendant qu’elle passe du nord au sud au dessus de vous, vous bougez avec la terre qui tourne, votre tourniquet, alors qu’elle demeure en ligne droite. Que voyez-vous? Une courbe!!! Pendant qu’elle aura parcouru quelques kilomètres du nord au sud, vous aurez parcouru quelques mètres ou kilomètres de l’est vers l’ouest (tout dépend de la vitesse…) Ainsi, si vous regardez vers le sud, la particule verra son tracé infléchi vers la droite…

De même, si la particule va du nord vers le sud en suivant la surface de la terre, elle va donc en s’éloignant de l’axe par rapport auquel la Terre tourne. S’éloignant du centre du « tourniquet » sa vitesse devrait augmenter pour arriver à rester solidaire avec la Terre qui est sous elle. Mais si sa vitesse n’augmente pas, alors elle n’ira pas aussi vite vers l’est que cette terre… et ainsi sera « déviée » vers la droite de sa trajectoire.

Et pis le truc qui explique le mythe des tourbillons dans les lavabos (j’y reviendrai), c’est que si maintenant vous êtes dans l’HÉMISPHÈRE SUD. Qu’arrive-t-il? Sur quelle sorte de tourniquet êtes vous? Comme vous étiez au dessus du pôle nord et le regardiez tourner, si vous êtes maintenant au dessus du pôle sud, le tourniquet qu’est la Terre sous vous… tourne en sens horaire, en sens opposé donc. Un peu abstrait, mais bien vrai! Et ainsi, la particule qui va du pôle sud vers l’équateur, elle semble déviée vers la gauche de sa trajectoire, de l’est vers l’ouest. À l’opposé de l’explication précédente, valable pour la moitié nord… Nous avons donc, dans ces deux situations, des rotations de la particule induites par la rotation de la Terre. J’espère que c’est à peu près clair (j’avoue que je me demande dans quel défi je me suis embarqué là!)

La force de Coriolis donc, c’est un concept qui entre dans la compréhension de phénomènes vus sur la Terre, depuis la Terre, et du au fait que tout ça se trouve « sur une boule, qui roule dans l’in-fini… » Et puis cette force donc, elle affecte en réalité TOUT ce qui est en mouvement sur cette planète. Toutefois, si vous roulez sur une autoroute de Paris vers Marseille, la friction de vos pneus sur le bitume surpasse de loin la force de Coriolis, même si vous vous éloignez de l’axe de rotation de la Terre, et vous ne dévierez pas de votre ligne, ou en tout cas pas à cause de cette dernière force! En fait, pour tous les corps solides en contact entre eux, les forces de friction sont de loin plus importantes que Coriolis. Et donc cette dernière est complètement cachée.

Toutefois, les fluides sont beaucoup moins influencés par la friction. L’eau et l’air donc, sont soumis à ces forces et peuvent être plus largement influencés. Mais la force de Coriolis, comme vous l’aurez compris, elle est due au fait que l’on s’approche ou s’éloigne de l’axe de rotation de la Terre lorsqu’on se déplace à la surface de la planète (parce qu’elle est une boule!). Comme la planète est énorme, pour qu’un changement notable soit senti sur un objet, il faut parcourir une certaine distance. Et donc, dans un lavabo, on oublie ça! L’eau de votre baignoire ou de votre toilette est à une distance que l’on peut considérer comme constante de l’axe de rotation de la Terre, peu importe où elle se trouve dans le lavabo! Elle ne subit donc pas la force de Coriolis de façon suffisamment importante.

Dans le lavabo, ce sont plutôt les courants, les différences de température, les courants d’air sur la surface, la forme du lavabo et la position du trou de vidange, n’importe quoi… qui sont plus importants que la force de Coriolis. Une expérience scientifique a déjà été faite pour vérifier si Coriolis pouvant effectivement imposer la rotation d’un tourbillon lors d’une vidange. La réponse est oui : dans un bassin parfaitement circulaire de plus de 1 mètre de diamètre, contenant plus de 1000 litres, vidé par un trou parfaitement centré d’à peine quelques millimètres (pour assurer une vidange lente et laisser le temps à la force de Coriolis de s’exprimer)… bassin qui a été laissé au repos pendant plus d’une semaine après son remplissage dans un environnement contrôlé avec aucun courant d’air et à température constante pour éliminer tout courant dans l’eau, avoir une eau parfaitement immobile avant la vidange. Alors seulement, les autres effets sont suffisamment négligeables pour que la force de Coriolis ait le dessus et impose le sens de rotation de l’eau. Une irrégularité de quelques microns sur le diamètre du bassin est toutefois suffisante pour annuler la force de Coriolis à cette échelle. Pas exactement les conditions de votre salle de bain…

Par contre, là où la force de Coriolis joue un grand rôle, c’est à une échelle beaucoup plus grande par rapport à la Terre… Plusieurs phénomènes sont à noter. Par exemple, lors d’un vol en avion, la rotation de la planète sous l’avion est à considérer… autrement, impossible d’arriver à destination sur un vol de plusieurs milliers de kilomètres! De la même manière, j’ai lu qu’en balistique (fusées, canons et missiles), cette force était considérée. Par exemple, on raconte que pendant la deuxième guerre mondiale, des canons anglais (venus du nord) ont été utilisés sur des îles de l’Atlantique sud, dans l’hémisphère sud donc… Calibrés pour considérer la rotation due à Coriolis au nord, les canons utilisés au sud tiraient plus de 100 mètres à côté de la cible… Pendant que la bombe volait, la Terre tournait du mauvais côté… Le tourniquet avait changé de sens...

Et l’exemple le plus important de la force de Coriolis, c’est bien sûr en météorologie et en océanographie. Les masses d’air ou d’eau, poussées des zones froides vers les zones chaudes, tournent au lieu de suivre une trajectoire rectiligne. Parce qu’elles parcourent des distances suffisantes pour que leur latitude (et donc leur distance à l’axe de rotation) change de façon importante. Vous avez tous certainement vu des images d’un cyclone ou d’une simple image des nuages prise par satellite. Tout tourne. Lentement, et sur une échelle de plusieurs centaines, voire milliers, de kilomètres. Pensez-y lorsque vous regarderez la météo à la fin du prochain téléjournal…

Enfin, pour conclure sur le sujet, une dernière explication, si vous pouvez encore en prendre un peu… Sur le tourniquet, si on s’éloigne de l’axe de rotation on voit sa vitesse augmenter. De la même manière, sur terre, si on s’éloigne de l’axe des pôles, on voit sa vitesse augmenter de façon proportionnelle à la distance qui nous éloigne de l’axe. Mais comme la Terre est ronde, ça change un peu tout… En fait, imaginez la Terre vue de profil, pôle nord en haut et pôle sud à sa verticale, en dessous. Si vous marchez d’un mètre du pôle nord vers l’équateur, de combien vous serez-vous éloigné de l’axe? Environ un mètre… Puisque la planète fait 12 700 km de diamètre, vous éloigner d’un mètre du pôle correspond à vous éloigner d’un mètre de l’axe. Sur l’échelle d’un mètre, vous avez parcouru une distance « plane ».

Faisons le même exercice à l’équateur. Marchez d’un mètre de l’équateur vers le nord. De combien vous êtes-vous approché de l’axe de rotation? Pratiquement rien… Vous marchez toujours sur du plat, même si la Terre est ronde. Vous voyez? Et ainsi, souvenons-nous que la force de Coriolis est due au fait que en voyageant dans l’axe nord-sud, ce qui influence cette force est le fait que la distance par rapport à l’axe de rotation de la Terre change. Au pôle donc, la force de Coriolis est maximale, puisque l’éloignement est énorme. Un mètre de déplacement égale un mètre d’éloignement. À l’équateur en contrepartie, un mètre parcouru ne change rien à la distance du centre. Coriolis y est alors… nul!

Pourquoi je parle de ça pour finir? Pour que vous compreniez la magnifique image qui suit. Photo prise par satellite, gracieuseté de la NASA, les couleurs représentent la teneur en chlorophylle de l’endroit observé, la chlorophylle étant une molécule qu’utilisent les plantes pour capter la lumière du soleil. Ainsi, sur l’image, disons simplement que plus il y a de vert et plus il y a de vie végétale. Arbres et plantes sur les continents, tout ça est fixe. Mais dans les océans, c’est du plancton et des algues qui contiennent la chlorophylle, et eux sont poussés par les courants marins… Ils vont donc là où la mer les porte. Et si vous observez de plus près, vous verrez dans le Pacifique une ligne colorée au niveau de l’équateur, enrichie en vie, en chlorophylle donc. Poussés par les courants marins, les végétaux de la mer se retrouvent coincés à l’équateur… Coriolis est maximal aux pôles, nul à l’équateur. Poussées depuis le nord et le sud par les masses d’eau en rotation, les matières s’accumulent sur cette ligne où les tourbillons gigantesques des courants marins deviennent nuls…

Comme si l’équateur n’était pas seulement une ligne tracée par les humains sur leurs cartes, mais que la nature traçait bien elle aussi une frontière entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud…


Et puis, comme tout texte de nature scientifique qui se respecte… voici mes références, sites web que j’ai lus pour essayer de comprendre et résumer en mes mots :
MERLE, Jacques, Océans et climat (2006), IRD Editions: Montpellier
HABY, Jeff, Coriolis Force Interpretation, TheWeatherPrediction.com
NICOLLIER, Claude, Notes de cours: Technologie et opérations spatiales, École Polytechnique Fédérale de Lausanne, 2009
La Force de Coriolis, La météorologie du Funéa (météorologue en Polynésie française)
Force de Coriolis, Article wikipedia

jeudi 12 novembre 2009

La vie, la vie...

Tiens, ce soir c’est retour à la « normale »… Après avoir essayé plusieurs styles/sujets variés depuis quelques billets, parlons de la normalité, du quotidien, de la vie… Semaine plutôt remplie… enfin. Pas tant en termes d’horaire, pour ça rien n’a changé; travail de 9 à 5 ou à peu près, toujours semblable depuis le début. Ce qui a changé, c’est ce que je fais pendant la journée : je travaille! Bon, dire ça comme ça c’est avouer que je n’ai rien foutu depuis le début, ce qui est faux. Mais il serait tout aussi erroné de dire que je travaille à ma pleine capacité depuis que je suis ici.

Bon, ainsi cette semaine, je bosse. Il y a bien eu l’incident de lundi dernier qui m’a fait perdre une bonne journée sur ma planification, le ménage et la reprise de l’opération avortée lundi après-midi ont pris plus de temps que je ne m’attendais. Et puis donc les choses à faire s’accumulent, j’ai des idées et un peu plus de pression pour les faire, pour avancer, produire quelque chose. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis hyper productif, mais j’essaie des choses, j’avance, lentement, et j’apprends des trucs malgré tout. J’ai passé ma semaine dans les labos, ce que je préfère au bureau (lapsus d’écriture, mes doigts ont tapé bourreau plutôt que bureau!). Je devrai quand même m’y astreindre ces prochaines semaines, je dois produire une revue de littérature d’ici à la fin du mois (revue de littérature = lire la documentation scientifique déjà disponible sur le sujet de travail afin d’en comprendre ce qui en est déjà connu, et en faire un résumé qui servira d’introduction au rapport. Tout rapport de recherche universitaire commence par une revue, n’importe quel article scientifique aussi. Perso, je déteste!)

Et pis autrement c’était hier le début du cours d’aviron niveau 2. J’ai été un peu déçu… J’avais un groupe trippant au cours précédent, niveau 1, un coach motivant et nous étions tous d’un niveau égal, un bon niveau. La majorité des gens du premier cours n’ont pas poursuivi, et je me retrouve avec des personnes d’un peu partout, pas toutes du même niveau… Et puis le coach en est à sa première expérience d’enseignement, il est moins confiant et n’a pas autant d’aisance que le précédent… Bref, il aurait fallu que j’attende quelques semaines avant de recommencer un cours, histoire d’oublier le précédent et d’avoir hâte! Mais en même temps, c’est l’aviron et je trouve ça toujours aussi génial comme sport. Donc je ne vais pas me plaindre plus que ça. L’horaire a changé; mercredi et vendredi matin, plutôt que mardi et jeudi (ça aussi c’est un peu moche…)
Je sais que de nombreuses personnes (sinon tous) m’envient d’être ici, en voyage, ailleurs… Et vous avez probablement raison. Et vous vous demandez peut-être pourquoi je ne parle pas plus que ça de voyages, de découvertes, de tourisme… Ben simplement parce que vous ne pouvez imaginer à quel point je ne me sens pas en voyage! Juste chez-moi, ce chez-moi étant simplement ailleurs. Je mène une vie presque routinière, et je me permets sans aucun scrupule de jouer à l’ordi au lieu d’aller découvrir les environs… Bien entendu je suis dans une vie différente et tout, mais dans ma tête, je suis dans la vie normale… Je me lève le matin, fais du sport, vais travailler, rentre, mange, fais un peu n’importe quoi… et dors. La routine quoi! Bon, il y a bien le fait qu’il y a un perroquet qui crie, perché dans le palmier dans la cours… qu’il y a un lézard au plafond de ma chambre… que les premiers mots que je dis le matin sont en anglais avec mon coloc dans la cuisine en déjeunant, à mon réveil… et que je longe le fleuve Brisbane pour aller à l’université… Tout ça est vrai. C’est devenu ma routine.

Preuves ultimes que je ne me sens pas en voyage : je n’ai toujours pas envoyé de cartes postales… et je n’ai presque pas pris de photos, à peine plus que ce qu’il y a sur internet… Peut-être devrais-je changer mon attitude? Sais pas. Je me sens comme ça… C’est tout. Tant pis!

* Bon, je relis les deux précédents paragraphes… j’ai l’air d’un gars désabusé, « blâsé », celui qui peut se permettre de dire « j’habite en Australie, je vous fais tous chier avec ça, mais perso ça ne me fais pas un pli! » Et en fait, la réalité n’est pas aussi crue, mais elle n’est pas trop loin de ça non plus! Ça fait tout de même un an et demi que je suis parti du Québec, d’une vie vraiment stable (quoiqu’en Suisse ça commençait à être très bien à ce niveau, de ce point de vue c’est d’ailleurs un peu moche d’avoir mis un terme à ça alors que nous avions tout et que nous connaissions la place et les gens). Peut-être faudra que je retrouve mon monde pour quelques temps pour mieux profiter d’un éventuel autre voyage du genre… Parce que pour le moment, une des choses qui me donne le plus de misère est le fait que je n’ai aucune amitié ou personne stable autour de moi. Mes amis, aussi bons soient-ils, sont de passage, sont des collègues, vont et viennent. Bien sûr, ils sont danois, anglais, allemands, suisses, canadiens, américains, australiens… et c’est super. Mais éphémère. Je me contenterais très bien d’une gang de québécois, si au moins notre amitié n’avait pas une date de fin, une échéance de quelques semaines ou mois. Parce que c’est bien là le problème. Malgré toutes les belles paroles, les personnes rencontrées en voyage ne demeurent pas souvent des amis à long terme. On se rencontre dans un contexte particulier, souvent par la force des choses sans réellement se choisir. Ça fait la job pour le temps que nous y sommes, et c’est parfait. Mais une fois de retour dans nos vraies vies, ces personnes ne sont plus nécessairement les meilleures… C’est platte mais c’est comme ça. Plusieurs d’entre vous le savaient déjà. Pour les autres, croyez-moi. S’il y a une chose que j’ai compris depuis ces trois années où je voyage beaucoup, c’est bien ça. Les amis de voyage sont rarement des amis pour la vie. Et quand ils le sont, alors ce sont des amis extrêmement précieux, très forts malgré les années et les continents!

Sur cette petite parenthèse de « vidage de cœur », je vous souhaite un agréable jeudi (j’adore souhaiter bon matin alors que je m’apprête à aller au lit! Je suis LOIN! Sauf Alex, mais bon…) Je reconnecte en fin de semaine, où je n’irai d’ailleurs pas très loin, j’ai des soirées prévues samedi et dimanche, éventuellement vendredi aussi… Donc je reste dans les parages… See ya!