mardi 10 novembre 2009

La déroute

Noirceur, sol un peu humide, aucun bruit, aucun mouvement. Le moment parfait pour tenter une sortie hors de cette cachette si réconfortante, vers ce terrain hostile dont on devine dans la pénombre certaines formes qui laissent penser à un complexe industriel. Le gros prend par la gauche, la petite prend par la droite. Parfait. Rendez-vous là bas, sous l'abris. Concentration... GO! GO! GO!

Tout baigne. Déjà la moitié du chemin parcourue, c'est si facile! Aux deux tiers, tout est sous contrôle... Objectif en vue, là, sous les canalisations. Mission en voie d'être complétée. Et pis soudain, c'est la panique. L'espace d'un instant, lumière, vacarme, cris... Merde! Pris en flagrant déli. Que faire? Pas le temps de réfléchir, pas le temps de prendre le temps. L'instinct prend le dessus. La petite, agile, tente une fuite par les hauteurs, escalade dans l'angle du mur le plus près, tandis que le gros, certes moins agile, n'a d'autre choix que de se tapir dans un coin, dans un rayon d'ombre, espérant en vain passer inaperçu. Peine perdue.

Instantanément localisé et démasqué, c'est une véritable fin du monde qui s'abat sur lui: le vacarme devient assourdissant et c'est comme si le ciel lui tombait sur la tête, sans forme, mais dont il devine la puissance et la capacité meurtrière. Pensée rapide: "si je reste, chuis cuit!" qu'il se dit. Seule option: la fuite. COURS! Dans l'angle, là, ce sera sécuritaire. Et enfin apparaît un nouveau refuge, une nouvelle cachette, sous cet énorme réservoir d'où coule un peu d'humidité, juste ce qu'il faut pour s'abreuver. Repos? Non, parce que le ciel n'a pas renoncé à tomber. Fuis, sauve qui peut! Nouvel abris temporaire, le temps de voir venir planqué dans ce qui semble être l'entrepôt d'une papeterie. Et pis enfin, le salut est en vue: le refuge d'où cette aventure a débuté, il est là, juste là. Enfin. Dernier petit sprint, esquivant une ultime tentative de meurtre venue du ciel. Plus que trois pas, deux, un... Ouf! Planqué, en sécurité dans la douceur de ce logis où il se sait intouchable...

Surprise, la p'tite est rentrée. Elle a profité de la bataille épique qui se déroulait de l'autre côté du terrain pour se faufiler discrètement. Yesss! Sains et saufs, tous les deux. La prochaine fois, on attendra quelques heures de noirceur en plus avant de sortir...

Et pendant ce temps, 1m83 plus haut, le grand roux peste contre la putain de coquerelle qui vient de disparaître entre deux planches, sous le bain...

5 commentaires:

  1. Petite précision: je ne sais pas si ce sont effectivement des coquerelles que j'ai eu la chance de côtoyer dans ma salle de bain. Je n'en ai jamais vu avant. Je ne les ai vues qu'une seule fois ici, elles n'ont jamais osé se montrer le bout du nez une nouvelle fois. Mais j'ai l'oeil!

    Et pis bon, coquerelle ou autre, ce n'est pas aussi péjoratif que ça peut l'être au Québec. Des bestioles, il y en a partout ici. Je ne m'en fais pas trop. Et vous êtes bienvenus à la maison, je garantis que vous n'aurez pas de problèmes (si vous tolérez les araignées et autres lézards qui se baladent allègrement au plafond!)

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  2. C'est orange, un peu doré, ça court vite et c'est pas tuable (grosse carapace).. ça ressemble à une coquerelle! Même pas obligé d'être gros, le bout du petit doigt, mais Dieu que ça court!
    Le truc pour s'en débarrasser, je ne sais pas trop, ces bestioles sont propres et se lavent souvent, tu peux essayer un genre de poudre toxique, elles tombent dedans et la mangent en se lavant... Mais il est extrêmement difficile de s'en débarrasser quand elles sont peu nombreuses (va savoir pourquoi!)

    Bonne chance Oh grand chasseur !

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  3. Ahaha, par coquerelle, t'entends cafard? (je vois venir ici un un québequisme du cockroach anglais).

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  4. Tu m'as bien eue... avec ton histoire à suspens... Un peu plus... et je relisais le texte une 3e fois! Bonne chance dans tes aventures entomologiques!
    XXXX

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  5. Quel suspense,je viens juste de lire ton texte et j'en suis resté accroché au bout de ma chaise.J'ai pensé à des petits lézards,mais je me suis trompé.Et puis en lisant je me suis dit que ça ferait un maudit bon début de roman ou de nouvelle d'aventure.Au fait,est-ce que tu fais des essais en ce sens,genre lancer une idée et voir la réaction?En tout cas la mienne est très bonne.

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