dimanche 3 janvier 2010

Esprits libres

8h, dimanche 3 janvier. Retour au boulot, retour derrière mon ordi de l'University of Queensland, prêt pour le sprint final qui me mênera à l'obtention de mon diplôme, dans trois petites semaines... De retour, et de bonne humeur. D'attaque. Je sais ce que j'ai à faire, je sais que je peux bien le faire, et surtout je suis dans un tout nouvel état d'esprit... La période des fêtes a été un temps pour décrocher, pour me reposer, mais surtout pour me changer les idées, pour faire un "reset".

Les 10 jours de notre périple entre Brisbane et Sydney ont été bien remplis d'un peu de tout. Je n'en ferai pas la chronologie, trop long et pas intéressant. Mais en voici quelques extraits savoureux que j'essaie de partager à la mesure de ce que mes mots peuvent imager...

Quel réveillon! Nous sommes au point le plus à l'est de l'Australie, nous sommes le 24 décembre, avec 16 heures d'avance sur le Québec... Le phare qui marque le Cape Byron balaie l'horizon de son faisceau surpuissant, pendant que nous savourons un autre repas frugal, constitué cette fois de tomates, céleri, pain et noix de coco... nous avions de la viande, mais pas l'envie de la cuire, pas l'appétit pour non plus. Habités par le grondement continu des vagues du Pacifique qui viennent s'abattre au bas de la falaise et sur les kilomètres de plage qui s'étendent de part et d'autre du cap rocheux, la lune presque pleine nous sert de lampadaire pendant que nous découvrons le ciel étoilé de l'hémisphère sud, et réalisons qu'il est inutile de chercher la Grande Ourse et l'étoile polaire. Ce ciel, ces étoiles, nous ne les avons jamais vus. Il est 23h, il le vent chaud balaie la côte, nous sommes en tenue d'été et le lait de coco est savoureux! Un réveillon exotique à souhaits!

Kangourou. Pendant que la recrue du volant à droite s'exerce sur un bout d'autoroute, où le défi est de ne pas conduire trop sur la ligne à gauche (sur l'extérieur de la route) et d'anticiper correctement les dépassements qui arrivent de la droite, ou de ne pas trop halluciner en prenant un rond-point dans le sens des aiguilles d'une montre, je suis passager... C'est une première pour moi, ou presque. D'être assis à gauche, dans ma voiture, ça ne m'était pas arrivé. Bon, la recrue n'était pas trop mauvaise, et j'en ai même profité pour entrevoir un kangourou dans la forêt, à quelques mètres de la route. Une belle bête, sauvage. Je pourrai dire que j'ai déjà vu un VRAI kangourou, pas seulement un de ceux qui sont pratiquement apprivoisés au zoo...

L'humilité. Il était venu pour surfer, il a bien appris sur sa grosse planche de mousse à la plage de Coolangatta. Et il s'est dit qu'il était temps d'aller plus loin. C'est comme s'il avait pris des skis en faisant du chasse-neige dans une pente-école, à Coolangatta, puis qu'il avait voulu se mettre directement au télémark dans une pente noire. Les vagues monstrueuses et la planche louée beaucoup trop petite à Coffs Harbour ont montré qui était le patron. Et le surfeur recrue en arrivée au même point que moi dans sa carrière de donteur de vagues: marcher sur l'eau, c'est pas si facile. Recevoir des murs d'eau de 2m à la figure, c'est pénible et on s'en écoeure. Et enfin... les gars qui vont et viennent comme des enfants qui jouent, debouts sur leurs planches à peine plus longue qu'eux, ce sont des kings! Mieux vaut rider des bouillons, des vagues cassées, sur une planche trop grosse, que couler sur une planche trop petite et des vagues parfaite. "You need two things: a big board, and a lot of patience" a dit le gentil monsieur qui avait pitié... En attendant, il faut de l'humilité.

Did you say two chickens for 6 dollars?!?! Quelle journée! Sydney nous a beaucoup plu, et particulièrement cette journée du 30 décembre qui restera, bien plus que par les écrits de ce carnet, marquée dans nos mémoires comme une d'exception... Elle a commencé par 2000m de natation dans la piscine olympique, à l'endroit même où Ian Thorpe a battu tous ses records aux jeux de 2000. Des installations modernes, prestigieuses, belles... Très impressionnant. Ce fut ensuite le retour en ville (les installations olympiques sont à 10 km du centre-ville), au termial des traversiers, niché au pied des gratte-ciels, au fond d'une baie surplombée à l'ouest par l'impressionnant Harbour Bridge et à l'est par les courbes majestueuses de l'Opera House, entourée d'eau sur trois côtés, tel un navire amiral prêt à prendre la mer, toutes voiles dehors. Cette traversée nous amène huit kilomètres plus loin, sur le bord de l'océan, à Manly Beach, qui, avec Bondi Beach, est une des plages très connues et surpeuplée des environs de Sydney. Nous avons ensuite pris le chemin de randonnée comme peu de gens semblent le faire, et des environs bondés de la plage nous sommes rapidement arrivés dans le bush, la "forêt" australienne, seuls... La marche un peu pénible nous a finalement amenés à un belvédère qui en valait totalement la peine, d'où on voyait le Pacifique sur un côté, le centre-ville en fond et le coucher du soleil sur la ville, à l'ouest. Magnifique. La bouteille de rosé, même sans verre, était savoureuse! Et retour au crépuscule vers le traversier, nous faisons du pouce parce que un peu exténués de notre montée de plus de 2h... Les gentils autraliens qui nous ramènent en bas nous déposent à la plage, d'où nous devons marcher pour aller jusqu'au bateau.

L'idée était de rentrer en ville et d'y manger, puis y passer la soirée... Voulant prendre un raccourci à travers une épicerie (drôle d'idée!), un employé de la boucherie nous interpelle: "Hey guys, two chickens for six dollars!". "Did you say two chickens for six dollars?!?" que je réponds. "That's what I said!!" Deux poulets plus tard, nous sommes de retour à la plage, face à l'étendue de l'océan, la plage est presque vide et la pleine lune est magnifique. Les ventres sont pleins. Et pis arrive le flash: Frisbee??? Dans le jour bondée, ce soir la plage nous appartient. Placés à plus de 50 m l'un de l'autre, nos lancés sont précis, on attrappe tout malgré qu'on n'y voie rien, le vent est bon, le sable est chaud et la lumière de la lune est parfaite. Magique. Nous rentrons avec le traversier, pour contempler la ville éclairée de tous ses feux. L'opéra est toujours aussi splendide, détachant sa blancheur sur la pénombre environnante. Le pont, long et haut, domine la situation. Et nous décidons d'aller y marcher plutôt que de rentrer directement. Nous montons et traversons à pieds le Harbour Bridge, ce qui nous laisse tout le temps d'en observer la grandeur et la beauté. Et arrivés de l'autre côté, nous loupons le dernier train nous permettant de rentrer à la voiture, ce qui nous force à patienter quelques heures avant de prendre le premier train du matin pour rentrer à l'auto, notre logis. Pas de soucis, on s'installe dans les buissons, sur un lit de paillis, à la belle-étoile pour quelques heures de sommeil avant d'aller retrouver le confort précaire de notre Mitsubishi. Tout ça en moins de 24 heures... Une suite de hasards, d'envies et de coups de têtes qui nous ont menés bien au delà de nos plans. On s'en souviendra longtemps...

Happy New Year! Un petit mot pour décrire ce que vous avez peut-être vu aux nouvelles: nous étions parmi les 1.5 millions de personnes réunies à Sydney pour le nouvel an. Une ambiance très calme, d'attente tranquille, puisqu'il faut arriver plus de 12h à l'avance pour espérer avoir une place convenable pour voir le feu d'artifice. Nous y étions à 15h30, en retard sur tous ceux qui avaient une bonne place... mais nous nous sommes tout de même incrustés sur une parcelle de gazon presque vide. L'après-midi et la soirée se sont écoulées tranquillement, bouclés sur un site avec des gens empilés tout autour. Et avec les heures monte la frénésie, des feux brefs marquent les heures dans l'attente du tournant de la nouvelle année. Et à minuit, c'est l'explosion, une incroyable harmonie uni tous les regards rivés vers le pont qui éclate de tous ses feux, tout comme la ville en fait. L'émotion et les frissons nous submergent, 2009 et fini, 2010 est lancé. Et s'ensuit un formidable torrent humain qui envahit les rues du centre-ville d'une marée humaine presque surréelle. Dans la bonne humeur, des centaines de milliers de personnes prennent le chemin du retour, quittent les berges du harbour pour se diriger vers la maison. L'euphorie, la joie et la bonne entente sont de mise. Bonne année! 10h avant l'Europe, 16h avant le Québec, Sydney, capitale mondiale du nouvel an.

Ces deux semaines ont été mémorables. Nous avons beaucoup parlé, rigolé, marché, exploré, nous sommes égarés... au hasard de nos envies. Un voyage qui nous ressemble, de liberté, où les deux protagonistes sont continuellement sur la même longueur d'onde.

Deux rouquins à la peau trop blanche ont pris la route depuis Brisbane le 23 décembre vers le sud de l'Australie... Un était d'une bonne humeur fracassante, l'autre était plutôt fragile et cassant, souvent un peu déprimé et déprimant.

Deux rouquins à la peau trop rouge et/ou bronzée se sont laissés dans un stationnement de centre d'achat en banlieue de Sydney au matin du premier janvier. Deux esprits libres. Libérés.



Je n'ai aucune photo de ce voyage, elles sont sur un appareil quelque part au Québec... Je ferai signe si elle se retrouvent sur Picasa ou sur Facebook et en mettrai le lien.

1 commentaire:

  1. Il faut maintenant rester l'esprit libre !
    Ta description des lieux et des événements correspond bien aux photos que l'autre rouquin à la peau trop rouge nous a présenté presqu'au moment où tu nous écrivais votre roadtrip.
    No worry.
    On continue !

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