lundi 26 octobre 2009

Surf, fuites et solitude...

Paraîtrait que la saison des pluies australienne dure d'octobre à novembre... Je commence à y croire! Me voici "coincé" à l'université, les trombes d'eau qui s'abattent me convainquent efficacement d'attendre un peu... Orage tropical, de l'eau à perte de vue, tout d'un coup. Bon, c'était prévisible en même temps, voici quelques heures que ça s'ennuageait grandement. Mais tout de même. Je suis dans un bâtiment bétonné, normalement insonorisé, et le bruit de la pluie est tout de même assourdissant!

Étrange journée que ce lundi. "Coincé" sur la Gold Coast pour cause de "nouvelle fuite dans la tuyauterie..." M'enfin. J'commence à être bon pour jouer au mécano, et j'espère que cette fois c'était la dernière (faut pas rêver champion, me dis-je!)

Comme prévu donc, j'ai pris le train samedi matin tôt (anyway je suis toujours debout très tôt, toujours...) pour arriver au garage où j'avais laissé la voiture une semaine plus tôt. Tout est arrangé, ça marche, ça fuit pas. On teste ensemble et tout. Good. À partir de là, je retourne pour la troisième fin de semaine consécutive à la plage de Rainbow Bay, à Coolangatta. Les vagues y sont belles pour un débutant, parfait pour moi donc! Location de planche dans l'après-midi, deux heures suffisent amplement. Après, chuis crevé!

Bon... et pour la suite du billet, je laisse de côté la chronologie habituelle. Parce que cette fin de semaine, le moral n'y était pas. Conséquence, quand je file pas je file poète. Parfois pouète aussi. Quand je file pas je deviens "littérateur" (ou littératiste). Enfin, je me trouve des talents d'écrire des trucs qui me surprennent... Bon, dans ce cas j'avais ni papier ni crayon. Donc j'ai écrit dans ma tête. Mais ce sont des cartes postales donc qui restent de la fin de semaine, des moments que j'essaie de partager...

(ouf! Je viens de placer la barre haute! N'ayez pas d'attentes, vous risqueriez d'être déçus!)

Creux de vague - Bien assis devant la mer, une assiette remplie du "All you can eat" à 14.95 de chez Pizza Hut, me voici bien seul. Parti comme sur un coup de tête, je suis con. Con d'avoir pensé que je me ferais une p'tite fin de semaine relax, solo. Non, en fait, en faisant de ce voyage une aventure d'exploration, partir comme ça, en voiture, sans but précis, je me suis replacé dans mes souvenirs, quelques mois en arrière. Nous sommes le 20 juillet 2009, la falaise s'élevant à quelques centaines de mètres au dessus de nous, l'eau glacée, turquoise et limpide, miroitant quelques mètres en contrebat. Nous sommes privilégiés. Sur ce bout de route sauvage, quelque part entre Trondheim et Bergen, nous sommes seuls. Nous sommes biens. On a un bout de nature, un bout de planète magnifique, juste pour nous. Et maintenant, je suis ici, dans cette nature si différente, dans cette immensité du sud. À 17 000 km, tout est différent, mais la nature est si semblable, toujours aussi douce et appaisante. En fait, que ce soit ici, devant les vagues du Pacifique où là-haut, sur les fjords de Norvège, la nature saute aux yeux, la nature est belle. Le spectacle qu'offre la Terre n'a pas changé, malgré la distance et les quelques mois. Mais en moi tout est différent. Face à moi, ce Pacifique n'est rien à côté des fjords nordiques. En juillet, sans le savoir, mon être était plein. Plein de tout. Et en ce mois d'octobre c'est plutôt le vide qui me remplit. Parce que nous y étions deux, deux pour partager ces moments privilégiés. Parce qu'elle n'est plus là, parce que j'aurais envie de partager ce nouvel océan...

En face, c'est le Chili - La lune sourit gentillement, de son croissant équatorial, et rares sont les nuages pour en perturber la lumière. Un vent du large pousse les masses d'eau soulevées par les vagues, si bien qu'une bruine salée mouille les vêtement et obscurcit les lunettes. Il fait bon, à la limite entre Terre, Air et Mer, tout se mélange. Les sens peinent à différencier tout ça. Le rythme est bon. Y'a personne. Mon front dégoutte, c'est salé. Sueur ou échantillon Pacifiste? Peu importe. A gauche sur le dur du sable tapé par la marée montante, à droite léché par le bout des vagues, ma piste d'athlétisme s'étend sur 50 km, jusque là-bas, où s'élèvent les tours artificielles et capitalistes du "Paradis des surfers". A gauche, c'est Coolangatta, Gold Coast, Australie. A droite, c'est Santiago, Chili. Les endorphines font leur effet, comme d'hab, pour patcher ce vide... La douche sera bonne, pis le dodo aussi. Milles excuses au Jelly Fish échoué sur la plage qui aura gouté de mon talon de coureur et dont mon seul souvenir sera l'impression d'avoir mis les pieds dans les plats... de Jello.

Et j'ai couché dans mon char - C'est ti pas beau la liberté. Juste à trouver un parking, et le tour est joué. On ouvre les fenêtre un peu, histoire d'avoir le bruit et l'odeur des vagues comme somnifère, et c'est tout bon. Y'a tout ce qui faut. Presque. Y'aurait d'la place pour deux dans c'te bagnole. Mais c'est une autre histoire, on en a déjà parlé... Un conseil si vous dormez dans la voiture: allez au "lit" tôt, parce qu'à 5h30 c'est le réveil. Peu importe. Au petit matin, le pare-brise aura la même teinte que mes lunettes de coureur, salé. Et, bien que matinal, je ne serai pas le premier. Ils sont des dizaines, marcheur, coureurs ou même ces bronzés étendus là... et c'est sans compter ces as de la curl, ces gars qui arrivent à donter des vagues plus hautes qu'eux, équipés de planches qui font à peine plus que leur grandeur... Ils sont nombreux, se déplacent en meute, au large, attirés par "le bon spot". Il fait bon, il fait toujours beau, pas un pet de vent. C'est l'heure des surfeurs.

Plombier des routes - Pour trouver une fuite, pas compliqué. Faut du flair. C'est la première chose qu'on perçoit quand ça coule. L'odeur. L'odeur de prestone. Si on est chanceux, la confirmation viendra lorsque, arrêté (!), on jettera un oeil sous la voiture, juste pour voir les gouttelettes nous narguer. En levant le capot, un petit pssssst qui nous nargue. Et si on préfère la méthode violente, c'est de la vapeur s'échappant du capot qui hurlera qu'il est plus que temps d'arrêter. L'avantage de ma nouvelle mécanique: je suis super écolo. Mon gros V6 boit plus d'eau que de fuel. Hyper avant-gardiste! Et pis avoir une voiture, c'est génial tout de même pour visiter. J'ai trouvé les garages où ils sont crosseurs, ceux où ils sont sympa et patenteux, les "Australian Tires" (avec un autre nom, mais l'idée est la même), et j'arrive à reconnaitre un automobiliste serviable d'un morveux prétentieux... Pis pour me donner une chance, j'ai maintenant dans l'auto quelques tournevis, du duct tape... et quelques litres d'eau. En espérant que tout ça moisisse là! Et pis... un québécois a plus de facilité à parler mécanique à un anglophone qu'à un français... Je cherche jamais mon vocabulaire, c't'au moins ça!

Voilà donc, c'était un peu de ma fin de semaine... Les plans de dimanche ont été presque respectés, j'ai réussi à rejoindre Joanna pour un cours de surf malgré une hémoragie majeure dans le tuyau du radiateur. Et on a presque fait ce qu'on avait prévu, quelques délais en plus. Toujours aussi cool le surf. Pis très cool aussi ces 5 heures en bonne compagnie au milieu de 48 heures de solitude. Je suis rentré seulement lundi après-midi, parce que j'ai eu des problèmes au retour dimanche soir et j'ai préféré dormir devant le garage à Coolangatta pour leur "montrer le bobo" comme cadeau de début de semaine. Ca avait l'air bon, j'ai testé et tout. Et pis ça a repété, j'ai re-réparé... et j'ai donc mis quelques heures pour arriver à Brisbane... Petite journée au boulot donc. Aussi productive que plusieurs autres des dernières semaines où le moral n'y était pas (y est-il maintenant? Pas aujourd'hui en tout cas!).

Et pis on dirait que l'orage s'est calmé. Je vais tenter une sortie. Faut que j'aille dormir (et manger), y fera tôt demain à l'aviron. "Prenez soins" comme le dit l'anglicisme, "take care" comme on dit en français!

P.S. Back home... y mouille encore finalement. Vive le bus! C'est même possible que l'aviron soit annulé, si jamais il pleut encore dans 9h. Ce serait un record. P't'être que c'est ce que la météo annonce. Je sais pas. Je regarde pas la météo.

4 commentaires:

  1. Mais euhhh, j'aimerais bien pouvoir écrire comme tu le fais, c'est à m'arracher les larmes des yeux.

    Enfin, dis toi que j'espère que tu pourras réparer ces probs de mécaniques rapidement, et pis la solitude, c'est pas ton seul apanage (il m'arrive aussi de me sentir bien seul et loin de ceux que j'aime ces jours-ci...)

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  2. L'Australie ça a tellement l'air cool! Je veux dire, surfer c'est le sport le plus cool. En plus tu le pratiques à COOLangatta! Pis un pays qui est aussi un continent, c'est tellement cool!

    À bientôt xx

    Cat

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  3. Ouais, tu étais très inspiré au point de vue littéraire et poétique. Sûrement pas pouette, mais l'humour, c'est toujours merveilleux!
    Bisous
    XXXXX

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  4. Belles images verbales. On pige tout de suite ce que tu vis.
    J'ai un petit faible pour celle de course ;)

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