mardi 1 décembre 2009

Mount Coot-tha blues

Un gratouillement de guitare, blotti au creux du vent. C’est ce qui meuble la solitude de cette fin d’après-midi morose. Quelques accords, maladroits et timides, grappillés au hasard dans un répertoire imaginaire.

Il fait un de ces temps qu’on ne pourrait décrire, ni bon, ni mauvais. Les nuages font la course folle, semblent se sauver du Pacifique pour trouver refuge dans le désert. Et le soleil, leur donnant un panache de feu, les invite à disparaître avec lui vers l’horizon. Dans leur vol acrobatique, les pies s’en donnent à cœur joie, profitant du vent en nous montrant tout ce qu’il y a de beau à voler, à tournoyer, pendant que nous, bipèdes sans plumes, ne pouvons qu’admirer la démonstration.

Du haut de ce promontoire, surplombant la ville et son fleuve, la vue n’apporte ni la paix ni la sérénité escomptée. Belvédère sur la ville, belvédère sur la vie. Depuis cet observatoire, c’est tout un état d’âme qui est peint jusqu’à perte de vue.

Gratte-ciels, visant les cieux, symbole de puissance et de succès. Méandres tranquilles, le calme et la sérénité d’un paysage doux et sans histoire. Peuplements jusqu’à perte de vue, une jolie métropole, calme mais dynamique, qui s’étend juste là.

Et ce ciel, gris, vivant, rugissant. Ce ciel qui semble perdu, pris au cœur d’un tourbillon dont personne ne connaît l’issue. Tout s’affole. Des cumulus passent, vont et viennent, laissant au hasard quelques rayons de ciel bleu baigner la terre des hommes, pendant que le crépuscule hésite à partager un peu de sa chaleur.

En ce haut lieu du tourisme local, c’est une pléiade d’étrangers venus du « Far North » qui contemple ce décor emprunté du sud. Des asiatiques, des espagnols, des italiens… mais avant tout des français. Ou plutôt des parisiens. Des vrais. Hautains dans leurs commentaires, prétentieux dans leur manière d’être. Autosuffisants. Chiants.

Au cœur de ce mélange, c’est mon âme qui trouve son reflet. Aspirée dans un tourbillon de grisaille, où quelques rayons de soleil viennent de temps à autre montrer que la couleur du décor n’est pas figée au terne. Il y a bien ces gratte-ciels qui montrent tout le potentiel d’aller plus haut, plus loin. Et pis ce fleuve imperturbable, cette vie qui coule, tranquille, vers la mer et son infinie beauté, à quelques lieues de là.

Et y’a cette solitude, que les cousins s’évertuent à exacerber. Ces français, quelque mètres au dessus du guitariste amateur, qui n’ont rien de mieux à faire que de se lancer un « je te donne 10$ si tu craches en bas et que tu lui arrives dessus ». Et ces mêmes cousins aliénés d’enchaîner par un « rhô p’tain » gêné après que le musicien timide leur ait répondu par un « Salut mes tabarnak, comme ça vous parlez français aussi?!? * »



* En français dans le texte

** Il est recommandé de cliquer sur les photos pour les voir en taille réelle...

2 commentaires:

  1. Belle poésie Etienne.On sent bien l'ambiance,on sent bien même la présence parisienne,quoique un peu clichée quand même,quant dis-tu ?

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  2. TRÈS clichée l'ambiance parisienne. Cette description n'est QUE cliché.

    Je n'ai jamais rencontré de tels parisiens en quelques mois à Paris. JAMAIS.

    C'était la première fois que je comprenais vraiment le sentiment québécois du "maudit français".

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